L’Histoire de la sexualité, articulée en trois volumes (La volonté de savoir, L’usage des plaisirs et Le souci de soi), prolonge les recherches entreprises avec L’archéologie du savoir et Surveiller et punir. Michel Foucault concentre ses analyses sur la constellation de phénomènes que nous désignons par le «sexe» et la sexualité. L’axe de cette entreprise n’est pas de s’ériger contre une «répression» de la sexualité afin de la «libérer», mais de montrer comment la vie sexuelle a enclenché une volonté systématique de tout savoir sur le sexe qui s’est systématisée en une «science de la sexualité», laquelle, à son tour, ouvre la voie à une administration de la vie sexuelle sociale, de plus en plus présente dans notre existence.Foucault fait ainsi l’archéologie des discours sur la sexualité (littérature érotique, pratique de la confession, médecine, anthropologie, psychanalyse, théorie politique, droit, etc.) depuis le XVIIIᵉ siècle et, surtout, au XIXᵉ, dont nous héritons jusque dans les postures récentes de «libération sexuelle». L’attitude de censure et celle d’affranchissement se rencontrent finalement dans le même type de présupposé : le sexe serait cause de tous les phénomènes de notre vie comme il commanderait l’ensemble de l’existence sociale.
Auteurice.s:
Michel Foucault
Commentaire
A relire, si j‘ai la foi un jour.
En gros, Foucault s'intéresse au sexe, et surtout à cette apparente restriction qui est si emblématique de son époque. Or, nous dit-il, cette répression n'en est pas une. En réalité, il s'agirait d'une explosion discursive [1] de la sexualité; c'est juste qu'elle prends des formes différentes. Il y a peut-être bien une certaine répression de la "vulgarité", mais cette dernière semble être secondaire par rapport à une explosion des discours, par exemple scientifiques - ce qui ne sera pas sans vous rappeler, bien sûr, l'examen et les techniques documentaire précedemment évoqués dans Surveiller et Punir, n'est-ce pas ? Concernant d'autres discours moins évidents, on pourra citer l'architecture
„ Soit les collèges d'enseignement du XVIIIe siècle. Globablement on peut avoir l'impression que du sexe on on n'y parle pratiquement pas. Mais il suffit de jeter un coup d'oeil sur les dispositifs architecturaux, sur les règlements de discipline et toute l'organisation interieure : il ne cesse d'être question du sexe “ (P.39)
Et c'est ce qui lui fait dire plus tôt qu'ainsi,
„ Il n'y a pas à faire de partage binaire entre ce qu'on dit et ce qu'on ne dit pas; il faudrait essayer de determiner les différentes manières de ne pas les dire, comment se distribuent ceux qui peuvent et ce qui ne peuvent pas en parler [...] il n'y a pas un, mais des silences et ils font partis intégrantes des stratégies qui soustendent et traverse les discours. “ (P38.39)
En définitive, il s'agit là pour foucault, moins de critiquer la répression qu'il pourrait y avoir à son époque, bien plutôt que de mettre en lumière un véritable mécanisme de savoir; de vérité sur le sexe. Pourquoi autant en parler ? Comment ? Il semblerait que cela ai des racines religieuses. En effet, il semble remarquer entre-autre que la méthode de l'aveu serait devenue centrale sur notre façon de voir les choses - et en particulier le sexe. L'aveu, c'est le mécanisme par lequel cellui qui confesse soit tant sujet que objet du discours qui se confronte toujours à un autre réel ou imaginé.
„ Ce projet de « mise en discours » du sexe, il s'était formé [...] dans une tradition ascétique et monastique [...] pour tout bon chrétien [...] chercher à faire de son désir, de tout son désir, discours. [...] Ce qui est propre aux sociétés modernes, ce n'est pas qu'elles aient voué le sexe à rester dans l'ombre, c'est qu'elles se soient vouées à en parler toujours, en le faisant valoir comme le secret. “ (P.29/30-49)
Et cette base religieuse c'est ensuite étendue; en effet, l'état réussi à en faire quelque chose de « techniquement utile », au travers par exemple des taux de natalités. Il s'agit là d'un moyen de contrôle, qui me fait bien penser au biopouvoir (on part de norme statistique pour créer des normes sociétales) bien qu'il n'évoque pas ce terme.
„ Les gouvernements s'aperçoivent qu'ils n'ont pas affaire simplement à des sujets, ni même à un peuple, mais à une population, avec ses phénomènes spécifiques, et ses variables propres : natalité, morbidité […] “ (P.36)
Et cette multiplication des discours à eu un effet important : elle à cartographiée de manière très détaillé la topologie des perversions. « Il y a les exhibitionnistes de Lasègue, les fétichisites de Binet [...], les auto-monosexualistes de Rohleder; il y aura les mixoscopophiles [...] ». (P.58)
Il y a là quatres opérations du pouvoir qui diffère de l'interdit :
Multiplication des "mécanismes de support" : là où l'inceste est combattu par diminution, la sexualité de l'enfant, elle, n'est pas tant combattu que surveiller, mise au placard. Il s'agit de « traquer tout ce qui pourrait les induire [les plaisirs tenus] [...] [d']installer des dispositifs de surveillance [...] Tout au long de cet appui, le pouvoir avance, multiplie ses relais et ses effets [...] en apparence un dispositif de barrage; en fait, [...] des lignes de pénétrations indéfinies » (P.60)
Individualisation : les perversions, ce ne sont plus là un sujet juridique seul, mais bien plutôt une histoire. On lie l'individu à son véçu, et non plus seulement à l'acte.
Mécanisme de Plaisir-Pouvoir : Il y a (de ce que je comprends) un double jeu de plaisir : celui de questionner, et celui de se montrer : « Les parents et les enfants [...] l'éducateur et l'élève [...] n'ont pas céssé de jouer ce jeu depuis le XIXe siècle. » (P.62)
Dispositif de saturation sexuel : la famille par exemple est saturé de ce type de discours par « la séparation des adultes et des enfants [...] la ségrégation relative des garçons et des filles [...] » (P.63)
D'un autre côté nous dit foucault, il semblerait y avoir deux façons de produire la vérité du sexe : ars erotica et scienta sexualis. La première extrait la vérité du plaisir lui-même et voit dans la révélation un appauvrissement; ainsi la relation maitre-élève apparait centrale. La seconde au contraire, y voit un pendant utilitaire. Il y a un mécanisme de pouvoir-savoir de par l'aveu, qui s'étends à tout mécanisme discrusif en société d'ailleurs. Il y a là inversion du pouvoir, ce n'est plus le maitre qui importe, mais bien celui qui avoue. Mais, ce n'est pas à dire que ces deux dimensions soient distinctes, et la société à tout de même réussie à créer un nouveau plaisir caractérisitique de l'ars erotica : celui de la production de la vérité.
„ Ce n'est pas dans l'idéal, promis par la médecine, d'une sexualité saine [...] qu'il faudrait chercher des éléments les plus importants d'un art érotique lié à notre savoir sur la sexualité [...] mais dans cette multiplication et intensification des plaisirs liés à la production de la vérité sur le sexe “ (P.95)
En ce qui concerne l'aveu, ce dernier s'articule de manière scientifique selon plusieurs mécanismes :
Codification clinique du "faire-parler" : en un mot, « combiner la confession avec l'examen [...] le questionnaire séré » (P.87)
Postulat d'une causalité générale et diffuse : Cette étendu du parler et questionner se justifie en ce que le sexe est vu comme cause d'innombrable effets, tout au long de la vie et ainsi « il n'est guère de maladie ou de trouble physique dont le XIXe siècle n'ait imaginé une part au moins d'étiologie [2] sexuelle. » (P.88)
Latence intrinsèque : l'aveu, en plus d'être dit, est répété car la vérité sur le sexe, caché à l'avouant.e ellui-même, se révèle petit à petit.
Interprétation : dès lors, se créer un jeu de révélation. Celui qui écoute, c'est avant tout celui qui révèle, qui énonce cette même vérité cachée de l'avouant.e.
médicalisation de ses effets : décalage de la faute, péché, vers le normal et le patologique. Je pense j'ai pas besoin d'expliquer d'avantage.