Peut-être avons-nous honte aujourd'hui de nos prisons. Le XIXᵉ siècle, lui, était fier des forteresses qu'il construisait aux limites et parfois au cœur des villes. Elles figuraient toute une entreprise d'orthopédie sociale. Ceux qui volent, on les emprisonne ; ceux qui violent, on les emprisonne ; ceux qui tuent, également. D'où vient cette étrange pratique et le curieux projet d'enfermer pour redresser ? Un vieil héritage des cachots du Moyen Âge ? Plutôt une technologie nouvelle : la mise au point, du XVIᵉ au XIXᵉ siècle, de tout un ensemble de procédures pour quadriller, contrôler, mesurer, dresser les individus, les rendre à la fois «dociles et utiles». Surveillance, exercices, manœuvres, notations, rangs et places, classements, examens, enregistrements, toute une manière d'assujettir les corps, de maîtriser les multiplicités humaines et de manipuler leurs forces s'est développée au cours des siècles classiques, dans les hôpitaux, à l'armée, dans les écoles, les collèges ou les ateliers : la discipline. Penser les relations de pouvoir aujourd’hui ne peut se faire sans prendre en compte l’ouvrage de Michel Foucault (1926-1984), devenu aussi indispensable à notre époque que le Léviathan de Hobbes le fut à l’époque moderne.
Auteurice.s:
Michel Foucault
Commentaire
Je me base sur l’édition tel gallimard du livre et les références de pages sont à comprendre à partir de cette dernière.
L'analyse de Foucault commence par détailler le système du supplice. C'est un régime étroitement lié à la monarchie et dans lequel ce dernier agit doublement. Le supplice, c'est en effet tant un instrument du pouvoir (il est censé créer la peur) qu'un producteur-produit de son propre système i.e le supplice créer la vérité chez le suppliant qu'il cherche lui-même à punir. Or, il se trouve que, nous dit Foucault, cet instrument de peur, s'en retrouve à finalement ne pas en être un. En effet, par le caractère public d'un tel système - le supplice étant soumis aux yeux du peuple, tout du moins pour son execution - rend par la même le public actif. Le peuple peut alors tant laissez lea criminel.le mourir, qu'il peut sauver lea condamné.e. Il y a là un renversement des mécanismes du pouvoir. Dans un tel système, il se trouve aussi que le pouvoir est en excès et est mal régulé. C'est-à-dire qu'il est extrêment violent, disparate mais concentré, et surtout lacunaire dans le sens où la justice est rendue par plusieurs instances contradictoires entres-elles. En outre, aux alentours du XVIIe, régnait un système politique au sein duquel il y avait une certaine tolérance juridique par caste de tel sorte que certaines infractions étaient nécessaire à la vie de la société, la criminalité entrainant l'illégalisme, et ce dernier entrainant la criminalité. On se retrouvait donc dans une situation où l'on avait un roi tout puissant qui abbatait la justice sous forme de supplice et qui était intiment lié au maintient de la société par ces fameux illégalismes de castes (pas seulement ceux du peuple mind you). Mettre en question la figure de pouvoir, c'est donc mettre en question ces illégalismes de droits [le refus des paysans de ne pas payer certaines taxes étatiques/écclésiastiques n'étaient pas forcément mal vu des propritétaires fonciers par exemple].
Ainsi, dans le tournant XVII/XVIIIe, on va chercher à uniformiser le judiscaire qui était jusqu'à lors "surpouvoir monarchique". Dès lors, on en vient à critiquer l'atrocité de telles pratiques, leur caractère extrême, mais non pas tant par "humanité" (bien que cela soit le caractère revendiqué), mais bien plutôt car supplice et surpouvoir vont ensemble.
“ Le veritable objectif de la réforme, [...], ce n'est pas tellement de fonder un nouveau droit de punir à partir de principes plus équitables; mais d'établir une nouvelle "économie" du pouvoir de châtier, trop concentré en quelques points privilégiés […] ” (P.96)
Et avec une augmentation des richesses entre autres choses au XVIIIe, on reserre la justice sur le corps social, on va chercher à punir plus fortement ces illégalismes populaires qui portent maintenant d'avantages sur les biens que sur les droits. L'illégalisme glisse d'un illégal du droit, vers un illégal du bien. Là où on tollerait un illégal du droit, on a plus de mal à tolérer un illégal qui porte sur la propriété privée.
“ la cible principale de l'illégalisme populaire tend à n'être plus en première ligne les droits, mais les biens; le chapardage, le vol tendent à remplacer la contrebande et la lutte armée […] ” (P.100)
Ainsi, l'humanité des peines futures n'est pas tant un argument pour modifier le code pénal, bien plutôt qu'une conséquence de la suppréssion des supplices, elle-même conséquence du surpouvoir dont la suppression, par le biais de l'uniformisation, (entraine / à été entrainé) par la répression grandissantes des illégalismes qui entre temps ont changés de formes par le biais d'un développement du capitalisme.
“ La conjecture qui à vu naître la réforme, ce n'est donc pas celle d'une nouvelle sensibilité; mais celle d'une autre politique à l'égard des illégalismes [...] l'économie des illégalismes s'est restructurée avec le développement de la société capitaliste. L'illégalisme des biens à été séparé de celui des droits. ” (P.98 – 103)
Le passage du supplice à la discipline, c'est aussi en rapport aux théories du contract qui voient l'individu comme acceptant les règles de la société. Lea criminel.le s'en excluant puisque violant le dit pacte. Il s'agit de déchainer non plus la violence du souverain mais celle de la société pour protéger cette dernière de la personne qui cherche à la léser. L'humanisme dès lors n'est pas à chercher envers lea criminel.le, mais bien plutôt envers les juges. En effet, lea criminel.le étant exclu de la société, il n'y a plus de mal à apporter tous les moyens nécessaires à son arrêt. L'humanisme, c'est donc un désaveu, une recherche de déresponsabilisation :
“ Les souffrances que doit exclure l'adoussissement des peines sont celles des juges [...] Ce qu'il faut ménager et calculer, ce sont les effets en retour du chatiment sur l'instance qui punit et le pouvoir qu'elle prétends exercer [...] là s'enracine le principe qu'il ne faut jamais appliquer que des punitions "humaines", à un criminel qui peut bien être pourtant un traitre et un monstre. ”
Il y a alors un renversement de la symbolique, on passe d'un exemple rituel qui manifeste à un signe qui fait obstacle. Et cette nouvelle forme du pouvoir passe par 6 règles de :
•La quantité maximale : crime comis car il y a un avantage à en tirer
•L'idéalité suffisante : A contrario, la peine doit être signe de désavantage, idée de douleur.
•Effets lateraux : La peine doit être la plus intense chez qui ne la pas comise
•La certitude parfaite : Il faut que le lien crime-chatiment soit nécessaire, vu comme incassable.
•La vérité commune : En conséquence, si le lien crime-chatiment se doit d'être nécessaire, alors il faut s'appuyer sur des preuves objectives, décrire. Plus de ce système avec des demie-preuves qui s'accumulent en preuve pleine et pouvant entrainer n'importe quel condamnation.
•La spécification optimale : Description de toute les peines possibles, de tous les cas réalisables de sorte à ce que cette sémiotique (système de signe) puisse véritablement prendre effet.
Et bien qu'il y ait une forme d'homogénéisation du jugement, les peines deviennent plus individuelles car « De deux hommes qui ont commis le même vol, combien celui qui avait à peine le nécessaire est-il moins coupable que celui qui regorgeait de superflu ». On passe d'un système qualifiant l'intention à un système qualifiant le mode de vie. On voit donc que l'art de punir passe plus par un "art de la representation". On cherche à associer à un avantage un désavantage equivalent. Pour que cet art fonctionne, quelque règles encore :
•Être aussi peu arbitraire que possible : Dans le sens où l'on souhaite que penser au crime, c'est penser au chatiment et inversement.
•Cette sémiotique doit être mécanisme de force : diminuer le désir du crime et augmenter le caractère redoutable du chatiment
•Modulation temporelle : Quelle utilité à la peine si elle était infinie ? On retombe dans le supplice et iel ne pourrait plus profiter de ce qu'on lui enlève une fois corrigé.e.
•la peine du pov condamné est un jeu de signes, interêt et durée : L'idéal serait que lea criminel.e soit une propriété rentable qui manifeste à tous la loi.
•Economie de la publicité : donc, en tant que tel lea criminel.le est support de la réactivation du Code pénal. Chaque element du rituel, maintenant rendu public, doit être immédiatement déchiffrable pour quiconque le voit; le voir comme une école plutôt qu'une fête à laquelle on emène tout un.e chacun.e.
•Inversement du discours du crime en conséquence : pas tant utile d'en parler
“ Voici donc comment il faut imaginer la cité punitive. [...] A chaque crime, sa loi [...] Peine visible [...] qui explique [...] : écritaux, [...] symbole [...] Mais l'essentiel, pour ces sévérités, c'est qu'elles fassent leçon [...] Autour de ces représentations morales, [...] les adultes apprendront quelles leçons enseigner à leur enfants […]. ”
Or, dans un tel système du XVIIIe, la prison n'a pas une place centrale. Comment comprendre donc qu'elle le soit devenue « en moins de vingt ans » ? Surtout quand elle agit plus comme moyen de GAV et qu'elle est synonyme de l'excès royal. Parce que la prison est vue comme un appareil de savoir. Elle est accompagnée d'une notation de la conduite au jour le jour, les prisonniers sont divisés en classes, les prisons reçoivent des rapport de crimes etc. On a donc (j'interprète) un cadre qui colle parfaitement avec l'idée d'individualité qui commençait à émérger avec la justice (retenez ces e.g pour la suite) Tout un savoir individualisant s'organise qui prends pour domaine de référence non pas tellement le crime commis [...] mais la virtualité des dangers que recèle l'individu et qui se manifeste dans la conduite quotidiennement observée.
Si je devais résumée la discipline, ça serait un appui sur l'individualisation des gens. Les corps seront vues comme machines à extraire du temps en quelque sorte et qui seront réglés au geste prêt. On traite plus les corps comme des masses, mais comme des individus. Dociles, iels devront être le plus efficace dans leur mouvements, qui néanmoins doit rester organique dans son mouvement. Les disciplines, c'est la naissance d'un certain art du corps humain. Et dans la discipline, plusieurs moyens mis en oeuvre :
L'Art de la répartition et le contrôle de l'activité : On cherche à quadriller tant l'espace (on pensera aux écoles et leur rangés d'élèves) que le temps (on pensera au emploi du temps). L'individu.e n'est plus elllui-même, iel est élément dans une serie, iel est "ce qui rempli une case", iel est interchangeable, iel est un rang. Cet espace peut aussi être "exclu du monde" pour un meilleur contrôle et cherche à maximiser l'utilité (tant spatial que temporel) en imposant non pas seulement un geste au corps, mais le "meilleur geste" et en tant que tel défini l'ensemble des rapports que le corps entretien avec les objets avec lesquels il entre en relation.
L'organisation des génèses : Toujours sur l'idée de l'edt, il s'agit de découper le temps en ségments élémentaires de tâches simples et qui ont une durée fixe (same pour les corps), atomes de temps faisant parties de series plus vastes et adaptées à chacun.e selon son niveau etc.
“ Apprentissage de la lecture en sept temps [...] mais dans le cas où les élèves sont nombreux, [...] introduire des subdivisions. [...] la première classe serait divisé en quatre bandes, [...] la seconde en trois […] ”
Composition des forces : Il s'agit de « construire une machine dont l'effet sera maximisé par l'articulation concertée des pièces élémentaires dont elle est composée ». Pour cela le corps singulier devient un élement placable, déplacable et dont le temps des un.es doit se combiner avec celui des autres. Et cet assemblage nécessite un commendement précis, clair et bref. « l'ordre n'a pas à être explicité, [...] il faut et il suffit qu'il déclanche le comportement voulu ». La discipline est donc cellulaire, organique (codage des activités), génétique (cumul du temps) et combinatoire. Elle construit des tableaux; préscire des manoeuvres, impose des exercices et aménage des tactiques. Mais comment dresser les gens à la discipline ?
La surveillance hiérarchique : Il s'agit pour l'appareil disciplinaire de tout voir d'un coup d'oeil, de pouvoir observer la masse de par ce répartissement spatial. Il est ce qui voit tout, et ce vers quoi tout les regards sont portés. Hiérarchique, car ce pouvoir à besoins de relais inherent au système même, il emploi ces même corps qu'il utilise :
“ Batencour choisit parmis les meilleurs élèves toute une serie d'officiers, intendants, observateurs, moniteurs, répétiteurs […] ”
La sanction normalisatrice : On va punir le non-conforme. L'individualisation par les systèmes de rang de plus en plus détaillé n'est là que pour rabattre l'anormal sur le normal, « le classement qui punit doit tendre à s'effacer ». Dans un tel système la punition fait parti d'un mouvement dual de gratification-sanction qui permet une binarisation des conduites (bien/mal) et une valorisation de ce rang même.
“ L'art de punir [...] ne vise ni l'expiation, ni même exactement la répression [...] En un mot, elle [la pénalité perpetuelle] normalise. [...] le pouvoir de normalisation contraint à l'homogénéité; mais il individualise en permettant de mesurer les écarts, [...] et de [les] rendre [...] utiles en les ajustant [...] On comprends [qu'elle] fonctionne facilement à l'interieur d'un système de l'égalité formelle, puisqu'à l'interieur d'une homogénéité qui est la règle, [elle] introduit [...] tout le dégradé des différences individuelles. ”
L'examen : L'examen est comme d'une synthèse des deux mécanismes précedents. Il est une surveillance qui permet la classification, la différenciation. Mais il est aussi renversement du pouvoir, qui ne se montre plus par le maitre, mais par les sujets qui y sont soumis.es et les objectifient. En outre, il fait accole à l'individu.e toute une dynamique documentaire qui cherche à fixer ce/cette dernier/ère, à établir des moyennes. Cela créer constitue l'individu comme objet descriptible, et permet aussi la mesure de phénomènes globaux.
A un système féodal, par exemple, où l'individualisation se fait en montant, la discipline, le fait en descendant. De plus, le pouvoir n'est plus que contrainte, exclusion, il est aussi créateur de vérité, de réel :
“ Dans un régime disciplinaire, l'indvidualisation en revanche est descendante : [...] l'enfant [...] plus que l'adulte, [...] le fou [...] plutôt que le normal. [...] C'est vers les premiers en tout cas que sont tournés [...] tous les mécanismes individualisants. [...] Il faut cesser de toujours décrire les effets de pouvoir comme négatif [...] le pouvoir produit du réel [...] et des rituels de vérité. L'individu et la connaissance qu'on peut en prendre relèvent de cette production. ”
Foucault s'intéresse ensuite dans son ouvrage au "panoptisme". Le panoptique d'où on tire ce nom, qu'est-ce que c'est ? Il s'agit d'un batiment constitué d'un anneau au sein duquel est présent une tour. Dans certaines versions de ce dernier, quartes murs relis cette tour à l'anneau exterieur en forme de croix. L'anneau en lui-même est composé de cellules adjacentes. L'interêt d'un tel dispositif ? Il est le parfait résumé des mécanismes de discplines qui ont été évoqués dans la partie précedente. Il permet la surveillance hiérarchique en ce que, lea gardien.ne dans la tour voit touste les déténu.es sans pour autant qu'aucun.e d'entre-elleux ne puissent se voir (d'où les murs). Surveillance renforcée en ce qu'idéalement, il n'y a même pas besoin d'avoir quelqu'un au centre pour que s'exerce la surveillance, seule l'idée que l'on est surveillé.e suffisant. A ce dimension "jardinière", s'accole une dimension "laboratoire". Le panoptique est le lieu parfait pour tester. Les personnes y étant présentes étant séparées, aucun risque d'influence entre-elles. On pourra dire qu'il s'agit là d'un dispositif bien utopique. Mais, il se trouve que ce panoptique, sous-réserve de quelques modifications propre au contexte précis d'application, est en réalité adaptable à tout institution et est une base de la discipline et on peux voir cela dans la gestion des malades. Alors que la lèpre était gérée comme exclusion, la peste à été gérée comme individualisation. On enfermait entre-autre les gens dans leur maisons : Plutôt que le partage massif et binaire entre les uns et les autres, elle appelle des séparations multiples, des distributions individualisantes, une organisation en profondeur des surveillances et des contrôles. Et cet extension des schémas disciplinaires à l'ensemble de la société est marqueur de divers mécanismes.
Une inversion fonctionelle : là où on demandait avant tout la neutralisation des dangers, on en est venu, par potentialité latente, à faire croitre l'utilité individuelle.
L'essaimage : les établissements de discipline s'etendent, mais les mecanismes se désinstitutinalisent, deviennent plus souple.
Etatisation des mécanismes : la police prolonge la discipline en tant qu'elle est « l'instrument d'une surveillance permanente, exhaustive, omniprésente, capable de tout rendre visible, mais à la condition de se rendre elle-même invisible ». Elle est ce qui à pour rôle majeur de rendre la discipline à l'échelle nationale. et c'est là qu'il est intéressant de remarquer un autre point :
“ notre société, comme celle des grecs, n'est pas celle du spectacle. Il ne s'agit pas de " rendre accessible à [la] multitude l'inspection d'un petit nombre d'objets, [...] mais bien plutôt de] procurer à un petit nombre [...] la vue instantanée sur la multitude ". ”
Un autre point que l'on a peut-être vu venir tant il semblait lui faire écho, est le lien entre les disciplines et le capitalisme. Ces deux mouvements sont très fermement liés. En effet, les disciplines cherchent à rendre l'exercice du pouvoir le moins couteux possible [...] faire que [ses] effets soient portés à leur maximum d'intensité aussi loin que possible [...et] faire croitre à la fois la docilité et l'utilité des éléments du système. (P.254)
Il y a là selon moi un parallèle frappant avec le capitalisme (même vocabulaire) et ce n'est pas un hasard puisque
“ De fait les deux processus [accumulation homme/capital] [...]ne peuvent être séparés; il n'y aurait pas été possible de résoudre [le premier] sans la croissance d'un appareil de production [...]; inversement les techniques qui rendent utile la multiplicité cumulative des hommes accélèrent le mouvement d'accumulation du capital [...] chacune des deux à rendue l'autre possible, et nécessaire ” (P.257)
Autre point important, elle agit comme d'un contre-droit. La loi la loi tends à imposer des limites, la discipline dans son execution, tends à agir contre ces limites de part son panoptisme.
Enfin Foucault décrit la prison plus en avant dans son rapport au système et de comment cette dernière est rendue indispensable. Ce caractère "imanquable" de la prison que, bien que l' « on sait tous les inconvienents [de celle-ci], et qu'elle est dangeureuse quand elle n'est pas inutile [...] on ne voit pas par quoi la remplacer ». La prison semble donc s'être imicée au coeur de notre système. Et pour cause, elle se base sur deux fondements sociétaux : la liberté et le temps. A une société qui met en avant la liberté, quoi de plus naturel que de l'enlever. A une société industrielle, quoi de plus naturel que de faire durer la peine dans le temps. Mais outre cela, il y a aussi son caractère réformateur. On la suppose transformer les individus. Et il y a là un renversement habile rendant son caractère encore plus certain. Car qu'est-ce que la prison si ce n'est « qu'une caserne un peu stricte, une école sans indulgence ». Empêtrée dans tout un système, ce dernier la justifie par son omniprésence (on en reparlera plus tard). Et la prison n'est pas que simple privation de liberté. Elle est aussi supplément coersif, et ce, selon plusieurs points :
•Elle isole exterieurement et interieurement.
•Elle y impose le travail pour transformer l'individu.e
•Elle est Instrument de modulation de la peine. Elle empêche la peine d'être fixe en autorisant des raccourcisement vu comme nécessaire à son fonctionnement. On juge dès lors autre chose que l'infraction, on juge le comportement et ainsi, s'opère une certaine idépendance entre justice et système pénitancier.
Et Foucault y voit un glissement important. Bien qu'elle reçoive un.e condamné.e, la prison s'applique sur lea déliquant.e. On ne juge plus l'acte, mais la vie et ainsi on à plus condamné.e = acte, mais bien plutôt condamné.e = acte = {instinct, pulsion etc.}. Par la documentation disciplinaire, on en vient à créer des classes quasi-naturelles que l'on vient à corriger-créer différement :
“ Ne pas croire non plus que l'élaboration interne des méthodes pénitantières a fini par mettre en lumière l'existence « objective » d'une déliquence que [...] [l'on] ne pouvait pas appercevoir. Elles sont apparues toute deux ensemble et dans le prolongement l'une de l'autre. ” (P.297)
Mais l'histoire de la prison, ce n'est pas une suite chronologique qui aboutirait dans l'évaluation de son efficacité puisque dès 1820-45, on en fait la critique (il y a des chiffres à partir de la page 309 mais par soucis de concision je ne les mets pas) :
•Elle ne réduit pas la criminalité
•Elle provoque la récidive
•Elle fabrique la déliquance (direct et indirect de par la famille qui tombe dans la déliquence [1]) et favorise leur organisation en réseau
•Une fois sorti.e un.e condamné.e tends vers la récidive de part la surveillance à laquelle iel est contraint (e.g ne sortent de prison qu'avec un passport à faire valoir partout et indiquant leur méfaits passés)
La prison, et plus largement le système carcéral, n'est donc pas à voir comme progressivement plus ou moins bien appliqué, mais comme étant echec par nature. Mais si la prison est echec, alors pourquoi la voir maintenue ? C'est peut-être parce qu'elle sert. Hypothèse : le chatiment en général ne supprime pas les infractions, il agit comme mécanisme différentiel et utilitaire.
La pénalité ne "reprimerait" pas [...] les illégalismes; elle les "différencierait" et en asurerait l' « économie » générale. (P318).
Utilitaire en ce qu'elle agit comme d'un mécanisme de contrôle qui docilise et casse les groupements contestaires, qui ainsi ne peuvent plus faire groupe et doivent se rabattre sur un illégalisme local : Au constat que la prison échoue à réduire les crimes, il faut peut-être substituer l'hypothèse que la prison à fort bien réussi à produire la déliquence, type spécifié, forme politiquement ou économiquement moins dangeureuse [...] Il est d'abord possible de la contrôler [...] au grouillement imprécis d'une population pratiquant un illégalisme d'ocassion [...] ou encore à ces troupes incertaines [...] qui se gonflent [...] jusqu'à former des forces redoutables d'émeutes [...] on subsitue un groupe relativement restreint [...] sur laquelle on peut effectuer une surveillance constante. Utilitaire aussi en ce qu'on utilisait des déliquents comme des "mouchards" ou des hommes de mains contre les grévistes. Effet et produits. L' " archipel carcéral " va alors avoir plusieurs effets sur la société :
“ Que l'on ne s'y trompe pas; la déliquence n'agit pas hors la loi, mais bien en son coeur même. Il faut y voir une vraie "éducation". Lea déliquent.e passe par divers institutions qui lea forme à son devenir de déliquent.e et dont la prison n'est alors vu que comme un passage obligé, une suite naturelle : Suivez-le l'infortuné : vous le verrez naitre au milieu des enfants trouvés; de là il passe de la crèche aux salles d'asiles; il en sort [...] pour entrer à l'école [...] s'il ne peut travailler, il est inscrit aux bureaux de bienfaisance [...] Enfin, lorsque le pauvre de Paris atteint la fin de sa carrière, 7 hospices attendent sa vieillesse [...] Inutile [...] de s'étonner que, dans une proportion considérable, la biographie des condamnés passe par tous ces mécanismes et établissements. ” (P.352)
Et la prison s'auto-justifie par un habile retournement de part la discipline. De part l'étendement du schéma discplinaire à l'ensemble de la société (école, hospitaux etc.), de part la gradation progressive des mécanismes punitifs, on voit la prison comme une énième manière de correction, en effet « dans sa fonction, ce pouvoir de punir n'est pas différent de celui de guerir ou d'éduquer ».Elle rend en outre « naturel et légitime le pouvoir de punir, [abaisse] du moins, le seuil de tolérance à la pénalité » et fait passer pour normal les excès du pouvoir que l'on pouvait trouver pour révoltant en ce qui concernait le souverain au siècle passé. Et ce système normalise au plus haut point. Il faut en effet rappeler que « nous somme dans une société du professeur-juge, du médecin-juge [...] tous font régner l'universalité du normatif » que la prison à aidée à développée. « Il ne s'agit pas de dire que de la prison sont sortie les sciences humaines. Mais si elles ont pu se former [...] c'est qu'elles ont été portées par une modalité [...] nouvelle de pouvoir : une certaine politique du corps [...] le réseau carcéral constitue une de ces armatures de ce pouvoir-savoir qui à historiquement rendu possible les sciences humaines. »
Conclusion :
Livre de ouf. 11/10, would recommend. Franchement, je sais pas comment plus que ça vous enjoindre touste à le lire, ou au moins certaines parties. Je pense au III.1 Les corps dociles, les Pages 257-258 (pour le lien au capitalisme) ou 308-313 (pour les chiffres de 1839 sur pourquoi la prison fonctionne pas) [1]. Ce livre, bien que daté en quelques points (je pense par exemple au fait que la police, que je sache, n'utilise plus de mouchard, ou que certains exemples soient datés comme les toilettes dans les écoles sous forme de quadrillage (P.XXX)), n'en reste pas moins ultra intéressant tant par le fait qu'il démonte la prison comme mécanisme efficace de réformation de l'individu.e, que parce qu'il la replace dans un système plus large qui la contient et qui est celui de la discipline. Et force est de constater que, bien que extraient en partie, on est toujours un peu sous ce système, qu'il y en a des restes plus ou moins prononcés selon les domaines.
[1] on rappel qu'on était dans une société encore très paternel en 1839 quand ce point de la critique est faite.