J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés. Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu’il n’existe pas. V.D. En racontant pour la première fois comment elle est devenue Virginie Despentes, l’auteur de Baise-moi conteste les discours bien-pensants sur le viol, la prostitution, la pornographie. Manifeste pour un nouveau féminisme.

Auteurice.s:

Virginie Despentes

  • Féminisme
  • Commentaire

    Non, c'est interessant·e King Kong Théorie. Outre tout l'aspect bien plus personnel, j'aime beaucoup l'image que renvoie Despentes de la prostitution. Loin d'un " c'est tout belleaux, tout rose " - elle évoque entre autre l'addiction que ça octroit - tout en ne tombant pas dans du prohibitionnisme bête et méchant, elle arrive à articuler une nuance très intéréssante en reliant entre autre hétérosexualité et putasserie à base de Gail Peterson et de contract hétérosexuel. Tout particulièrement, elle fait·e une analyse très interessante de la prostitution en énonçant qu'on la médiatise comme quelque chose d'ultra sordide alors qu'el ne s'agit que d'un métier comme un autre. Alors certes, il peut se passer très mal, mais non seulement c'est le cas de tout métiers exercés dans d'horribles conditions, mais et comme elle le dit très bien « [c]'est aussi pertinent que de parler du travail du travail du textile en ne montrant que des enfants embauchés au noir dans des caves » (P.79); et oserais-je rajouter, " tout en oubliant sciemment qu'el existe des artisant·es du textile ». C'est d'ailleurs une relecture des plus intéressantes parce qu'elle advient après que j'ai pue lire Pute n'est pas un projet d'avenir (de Louise Brévins). Dans ce livre, la personne qui parle à une situation "similaire" à Despentes : toutes deux ont besoins d'argents. Et c'est là où c'est interessant·e. Les deux personnes ont beaux avoir un départ similaire, elles en tirent des conclusions aux opposées les plus lointaines. A ce sujet puis-je aussi noter que, et contrairement à Brévins qui en dépaint un tableau des plus homogènes, Despentes évoque la différence entre la prostitution à Lyon et à paris, la seconde étant bien plus dangeureuse et compliquée (la concurence oblige). El y a aussi un pan très pertinent dans la vision de Despentes qu'el n'y a pas dans la vision de Brévins, c'est tout le côté reconstruction. La prostitution n'est pour Despentes pas qu'un moyen de gagner de l'argent, c'est aussi un moyen de reprendre le contrôle sur un evenement passé de sa vie : son viol.

    Outre cela, j'aime aussi beaucoup son analyse du King Kong de 2005 (je crois ?) dans lequel elle voit un affrontement entre King Kong, représentant une sexualité hybride, pré-hétérosexualité, et au contraire les hommes qui le chassent, la ville qui le réprime et le met en cage, et qui correspondent à l'hétérosexualité (au sens politique) qui se veut maitriser la sexualité, mais aussi les femmes. Lorsque " la blonde " qui s'est liée d'amitié avec King Kong hésite a rejoindre la ville après s'être faite arracher de ce dernier, elle ne le fait que pour réaliser qu'elle s'est faite berner et que la maneouvre sert a ces hommes de moyen de le capturer.