Depuis l’émergence du mouvement Black Lives Matter, et face à la multiplication des violences policières, beaucoup d’entre nous ont pris conscience du caractère systémique du racisme et ressentent le besoin pressant de ne plus être complices de ce système. Mais par où commencer ? Non seulement notre société ne nous apprend pas à être antiracistes, mais le climat politique et médiatique rend ces questions difficiles à aborder, même au sein de nos cercles intimes, où ces discussions peuvent déclencher des émotions intenses. Si vous partagez ces questionnements, Mécanique du privilège blanc est fait pour vous : un guide d’éducation antiraciste, rigoureusement documenté par des recherches en sciences sociales, des enquêtes et des analyses de l’actualité, qui propose des outils concrets à toutes celles et ceux qui souhaitent se confronter à leurs privilèges et approfondir leur compréhension des discriminations raciales.
Auteurice.s:
Estelle Depris
Commentaire
Alors, c'est un bouquin très interessant, mais ici aussi adréssé au grand public. Je ne dis pas cela en mal, mais seulement pour prévenir que - quoique qu'instructif à plusieurs égards - ce n'est pas un livre qui va chercher à forcément aller en profondeur dans les choses. Comme l'exprime une amie de l'autrice, el s'agit d'une « porte d'entrée pour ceux qui ne sont pas informés » (P.308). Mais cette même "porte d'entrée" est humiliante. Car bien que cela fasse quelque temps que j'ai commencée à m'interesser aux sujets concernant la race, je remarque que même dans ces livres d'introduction, j'ai encore des choses à apprendre et à déconstruire. De quoi parle ce livre ?
Ce livre, décrit par l'autrice comme d'un « guide pour sortir de la passivité et entrer dans l'action antiraciste » (4e de couverture), explore les differents ressorts du racisme (que cela soit de la haine raciale ou du systémique) et les moyens de les reconnaîtres. On y voit clairement expliciter à plusieurs reprises qu'outre le fait que la race est avant-tout un système structurel, c'est bien en tout et pour tout une histoire d' « actions et d'effets, [et pas d']intentions » (P.201)
Commençant par évoquer les différents types de racismes qui existent (« interpersonnel » [ce que je nomme la " haine raciale " à la suite de bell hooks], « interiorisé », « institutionel » et « structurel ») en mettant en avant quelques exemples tels que le racisme dans les écoles de médecines (institutionel) ou encore les micro-agressions (interpersonnel), Depris cherche en tout premier lieu à faire comprendre à son auditoire que la race en tant que réalité sociale est toujours bien présente et encrée en nous. Ce que cela permet est de faire une transition sur le caractère construit de la blanchité. Car la race étant un construit, la blanchité n'en est bien évidemment pas exempte. On y apprends des faits qui corroborent d'ailleurs ce que Dorlin à pu énoncer dans La matrice de la race comme le fait que, dans le contexte États-Uniens, les irlandais·es n'étaient dans un premier temps pas considérés comme blanc·hes; et que ce n'est que par un mécanisme d'intégration dans la suprématie blanche que ce passage à pu avoir lieu.
Et ceci est bien sûr lié à tout un ensemble de stratagèmes, plus ou moins conscients, qui viennent renforcés cette structure de domination. Je vais donner deux exemples me concernant qui m'ont frappés, mais non pas pour me méliorifier (" regardez comme j'ai changée ") ou m'auto-flagellée (" je suis une merde, bouhou"); mais au contraire pour montrer la caratère insineux de la chose. Depris évoque dans son livre la silenciation blanche, un mécanisme consistant à se taire face à des actes racistes. Or, el se trouve que, très récemment, j'ai pu entendre um proche proférer un propos que je considérais comme raciste tout en pensant « c'était bien la peine de lui avoir faire lire Rage Assassine [de Bell Hooks] », mais tout en gardant cela pour moi et en me taisant. De la même manière, j'ai prise l'habitude de faire de l'agisme concernant certain.es de mes proches en ne les confrontant pas à leur propos [« els ne changeront jamais », alors qu'en fait, c'est pas le propos]. Ces réactions montrent à quels points ce mécanisme, et bien d'autres encore, sont encrées en nous; cela montre à quel point nous avons interiorisé·e ces mécanismes de maintient du racisme sous peine de se faire punir par le système (ostracistation, violences etc.). Ici j'évoque la silenciation, mais d'autres stratagèmes sont évoqués comme la solidarité blanche (e.g : traitement différenciel envers l'Ukraine) ou "l'universalisme" [1] qui nous fait voir le neutre comme synonyme de blanc. Et qui dit système, dit donc mécanismes de préservations et de défenses; et oh fuck, y en a beaucoup. Si ce n'est les caractères plus visibles telles que les personnes se prétendant « coloblind »; on pourra aussi citer de manière plus perverse le mythe méritocratique ou encore la fragilité blanche. Ce dernier concept (je crois, décrit par DiAngelo en premier ?) permet de mettre en lumière les réactions négatives de défense et de censures de personnes blanches confrontées au racisme. En effet, non-confronté·es au racisme que nous sommes, nous sommes comme dans une bulle, et avons de grandes difficultés psycologiques à y être confronté, ce qui peut se traduire par « une avalanche d'émotions intenses [comme] malaise, colère, anxiété, peur... » (P.198).
C'est un bouquin aussi interessant parce qu'il adopte un point de vue Belge, quelque chose que je ne vois pas assez souvent (surtout pour moi qui baigne dans une culture anglophone). Par exemple, l'autrice à pu évoquée le cas d'un festival belge clairement à portée colonial : le défilé de la Ducasse d'Ath.
TW : racisme
El s'agit d'un défilé pratiquant (TW : racisme) le balckface au travers du personnage du « sauvage » représenté « en blackface qui parade à bord d'un bateau, et qui, pendant longtemps, était [présenté] [entravé] de chaines [...] ». Clairement, on peut pas ne pas y voir du racisme bien visible et bien dégeulasse. El se trouve donc, qu'en 2022, sous la pression de divers états africains, l'Unesco retiré ce festival de la liste des patrimoines immateriels auquel il faisait parti. Les réactions ne s'étant pas faites priées :
C'est très dommageable de se retrouver dans cette situation et très triste tant pour la ville que pour ses habitants d'être caractérisés sous ce modèle raciste [...] on se retrouve à réduire la Ducasse d'Ath au sauvage et au caractère pseudo-raciste et donc c'est d'autant plus frustrant [...] Quand on ne connait pas le folklore athois on peut avoir le sentiment que c'est raciste, c'est pour ça qu'on fait de la pédagogie pour montrer [que non]
- Un certain connard organisateur de l'evenement et connu sous le nom de - tenez vous bien - :sparkles: Bruno Lefebvre :sparkles:
[1] Entre guillemets parce que ce n'est pas vraiment le terme employé (elle ne met pas forcément de titre à cette partie).