Cet ouvrage est la thèse de doctorat en médecine présentée en 1943 par Georges Canguilhem, augmentée, lors de sa réédition vingt ans plus tard, de réflexions philosophiques sur la signification du terme « normal » en médecine. La thèse débute par une étude historique sur l'identité des phénomènes normaux et pathologiques, dogme de la pensée médicale au XIXe siècle. La seconde partie est une étude systématique, sous la forme d'une analyse critique, des concepts de normal et de pathologique.
Auteurice.s:
George Canguilhem
Commentaire
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Bon, j'ai pas totalement finie Le normal et le Pathologique, mais y me reste une section, et elle est plus ou moins osef. Première chose que je voudrais dire : Oh bordel c'est dur à la lecture. On sent que c'est une thèse.
Outre cela, le livre s'oppose à la vision alors prédominante selon laquelle le patologique n'est qu'une variation du normal. C'est-à-dire qu'est pathologique un état qui est en excès ou en défaut par rapport à une norme elle-même rapportée à une moyenne (on a donc une norme subordonée à la moyenne). Dès, lors il y aurait une objectivité de la maladie puisque purement mesurable en nombre. Canguillhem va s'opposer à cette vision en cassant cette prétendue "objectivité" et en arrachant la confusion norme/moyenne. Plusieurs arguments. Tout d'abord, cet ecart n'est pas applicable aux "maladies nerveuses" dans lesquelles ils ne faut pas voir ce nouvel état comme d'un résidus de l'état normal passé, mais bien plutôt une création d'un nouvel état. Ensuite, "norme" à un caractère flou. Tantôt il définit un rapport au fréquent, tantôt il définit un idéal. Il va d'ailleurs plus loin en affirmant que « un trait humain ne serait pas normal parce que fréquent, mais fréquent parce que normal, c'est-à-dire normatif dans un genre de vie donné ». Dans cet même idée, il cite Halbwahs qui énonce la chose suivante :
“ Pourquoi concevoir l'espèce comme un type dont les individus ne s'écartent que par accident ? Pourquoi son unité ne resulterait-elle pas, [...] d'un conflit de deux ou d'un très petit nombre de tendances organiques qui, au total, s'équilibreraient ? Quoi de plus naturel, alors, que les démarches de ses membres expriment cette divergence par une serie régulière d'écart de la moyenne. ” (P.138)
Par rapport au terme d'anormal justement, Canguillhem nous défends de le penser synonyme d'anomalie. Car bien que dans le langage courant il y ait rapprochement anomalie/anormal, une distinction étymologique des deux termes en vient à séparer deux couples : anomalie/anomal et anormalie/anormal. Ainsi,
L'anomalie c'est le fait de variation individuelle qui empêche deux êtres de pouvoir se substituer l'un à l'autre de façon complète. [...] Mais diversité n'est pas maladie. Pathologique implique pathos, sentiment direct et concret de souffrance et d'impuissance. [...] Mais le pathologique, c'est bien l'anormal. (P.113)
Et insiste dans tout son ouvrage que la pathologie est purement subjective, dont l'exemple qui me vient en tête d'un mort dont on a découvert à l'autopsie qu'il avait une telle maladie, mais dont la personne ne s'était jamais plainte.
Autre point important, Canguillhem voit dans la vie une normativité biologique. C'est-à-dire que le corps institue des normes de façon individuelle. Par exemple, pour un.e athlète, un pouds de 40 peut être considéré comme normal, alors que pour le commun des mortels, il peut s'agir d'un problème. Ainsi vu, la santé n'est plus à rapprocher de la norme, mais bien plutôt d'un état de potentiel dépassement, « Ce qui caractérise [alors] la santé, c'est la possibilité de dépasser la norme qui définit le normal momentané, la possibilité de tolérer des infractions à la norme » et que donc « le propre de la maladie c'est d'être une réduction de la marge de tolérance des infidélités du milieu ». Mais, ce n'est pas à dire que le pathologique n'est pas une norme, au contraire. La pathologie, tout comme la santé sont tout deux des normes, juste que l'une est plus restrictive, plus inférieure que l'autre. J'ai clairement pas tout explicité dans sa thèse, et il y a beaucoup de vocabulaire médical qui vient en contre-argument des thèses de l'époque - et je suis pas médicienne - donc bon. Mais j'espère au moins en avoir dégagé quelques idées.