Tendencies rassemble pour la première fois les essais qui ont fait d'Eve Kosofsky Sedgwick « la reine discrète des études gay » (Rolling Stone). Alliant poésie, esprit, polémique et érudition éblouissante à des souvenirs et une autobiographie, ces essais ont établi de nouvelles normes en matière de passion et d'authenticité pour les écrits théoriques actuels. Les essais traitent de sujets aussi variés que Diderot, Oscar Wilde et Henry James, les enfants queer et les programmes en douze étapes, « Jane Austen et la fille qui se masturbe » et une performance sur Divine écrite avec Michael Moon, le politiquement correct et la poétique de la fessée, ou encore l'expérience du cancer du sein dans un monde ravagé et remodelé par le sida. Ce qui unit Tendencies, c'est une vision d'une nouvelle politique et d'une nouvelle pensée queer qui, bien que exigeantes et dangereuses, peuvent aussi être intentionnelles, inclusives, littéraires, physiques et parfois vertigineusement amusantes. (deepL puis remanié)
Auteurice.s:
Eve Kosofsky Sedgwick
Commentaire
Queer and now
Un premier chapitre plus qu'épards en ce qu'il parle de beaucoup de choses. Du politiquement corrrect à la deconstruction en passant par l'effet queer du cancer, Kosofsky Sedgiwk dwelve dans de nombreux sujets.
Notemment, et a la suite de Epistemology of the closet, elle y parle queer. Plus précisement, elle y fait la mention du queer comme des-articulation. Dans une section au titre de l'effet noel cette dernière y oppose en effet l'étrange singularité capitaliste et étatique qu'est Noel et au cours de laquelle tout les discours semble chanter d'un même son, au mouvement queer de desarticulation de cette même unité. Rapporté au sujet de la sexualité - cette unité " censée organiser dans tout uniforme et polissé " (P.8), tout un ensembles de différences - le queer n'est rien d'autre qu'une simple question : " Et si cela n'est pas le cas ? " (ibid). Et si cela n'était pas le cas, effectivement ? Et si le sujet du Sexe/Genre/Désir se trouvait alors fragmenté selon ses lignes d'identifications ? Une reflexion très puissante puisqu'elle permets aussi a Sedgwick d'imaginer d'autres futur. S'interrogant en effet de façon similaire sur la question de la famille, l'autrice met en avant la façon dont elle n'a jamais réussie à se faire aligner les differents constituants (un nom, un couple sexuel, une unité légale, un appartement etc.) de cette même unité conceptuelle.
Queer and now est aussi très interessant dans sa discussion de la deconstruction. Dans la section Projet 3, Kosofsky Sedgwick va a l'encontre de l'idée populaire selon laquelle le " deconstructionnisme " affirmerait que rien n'existe, et pousse la reflexion jusqu'à énoncer la possibilité d'utiliser ces outils intellectuels comme moyen de survie. Citant tout particulièrement son experience d'un cancer du sein, elle évoque le thème très deconstructionniste de ce dernier et de comment cette experience peut inform back la théorie.
Priviledge of unknowing
Dans cet article, Sedgwick cherche à appliquer un cadre Foucalien au roman de Diderot, La religieuse. Argumentant tout comme dans Epistemologie du placard que l'ignorance est toujours ignorance de, l'autrice encourage les lecteurices à ne pas penser l'ignorance seulement comme d'une sombre region au dela du savoir humaniste caractéristique des lumières. L'ignorance - et qui n'est pas forcement qu'illusion d'ignorance d'ailleurs - n'est pas que passive, et au contraire elle se peut d'être des plus actives et voulue. Ou plutot serait-el mieux de parler des ignorances, puisque en ce sens se cadre de reflexion pluralise-t-il justement cette notion même.
L'histoire de Suzanne dans La religieuse est des plus interessantes. L'histoire n'est en elle-même pas des plus vives, mais la façon dont elle est racontée est des plus mysterieuses. A titre d'exemple - et alors que j'avais deja lue une première fois l'article de Sedgwick avant de lire le livre - j'ai eu du mal à y voir une pure passivité comme l'énonce l'un des editeurs dudit livre. Au contraire, j'y ai au debut vu un recit très kafkaien, avec Suzanne comme personnage très active dans sa quête de savoir. Mais comme l'énonce bien l'autrice, le roman est conflictuel et à plusieurs moments l'heroine semble-t-elle faire preuve d'une passivité qui pourrait dès lors intriguer. Ainsi, et face aux editeurs successifs voyant dans Suzanne une pure passivité et Goldberg y voyant au contraire une pure connaissance - deux points de vues qui, malgré leurs différences, cimentent encore et toujours l'innocence/ignorance de Suzanne - Sedgwick decide de prendre le chemin tortueux d'une sorte de juste milieu. Reconnaissant le danger qu'el y a a donner du pouvoir à une femme victime de violence en ce que cela amène bien souvent à du victim blaming, l'autrice nous encourage tout de même a voir dans Suzanne une recherche active d'ignorance. L'ignorance est pouvoir, et en ce sens conserver son ignorance est-el le moyen pour Suzanne d'avoir une certaine prise sur les autres personnages du roman. Mais une ignorance, non pas tant en tant qu'illusion de, plus que comme un refus volontaire de s'informer. Un passage particulièrement interessant qu'analyse Sedgwick, est à la fin du roman lorsque la mère superieure du couvent de Suzanne confesse ses relations avec d'autres femmes. Suzanne, par une curiosité qu'elle reconnait elle-même comme étant mal-placée, écoute ce qui se passe alors dans le confessional. Et bien que nous n'ayons jamais trace de ce qu'elle y entends, les effets sont claires : la superieure finit d'achever sa descente dans la folie, et Suzanne s'échappe de son couvent, mettant fin à une periode de relative tranquillité. Cette scène, qui pourrait dans un premier temps montrer les danger du savoir sexuel est pourtant bien plus complexe qu'on ne pourrait le penser dans un premier temps. Car en effet, non seulement Suzanne a-t-elle deja decrit dans de grands détails jusqu'à l'orgasme; mais en plus a-t-elle activement refusé de mettre des signifiés derrière n'importe quel mot de vocabulaire qu'elle aurait pu entendre durant cette scène. Quand bien même aurait-t-elle entendu le mot de " lesbienne " qu'elle aurait été incapable d'en faire sens. El n'y a alors aucune information qu'elle eu pu entendre qu'elle ne savait deja et qui n'aurait pu deja la choquer. En bref, cette scène ne donne-t-elle que l'illusion d'une revelation, rien de plus; et reifie-t-elle fil rouge de ce livre, et à savoir que la sexualité ne se constitue dans ce dernier qu'en creux; que comme ce qui n'est pas dit. Dans la religieuse, la sexualité n'est rien d'autre que les points de suspension à la fin d'une phrase et qui laissent ouvert tout un ensemble de significations. Pourrait-on dire que le roman n'est pas spécifiquement sexuel, et que c'est au travers de sa lecture que lea lecteurice y créer ce qu'el cherche à découvrir.
Pluraliser l'ignorance de la sorte sert plusieurs but à Sedgwick. Cela lui permet dans un premier temps de sortir de la dualité innocence/savoir dans le cadre des violences sexuelle, et dans lequel l'ignorance, le tabla rasa, fonctionne comme d'un pre-requis au pardon. En la pluralisant et en montrant que l'ignorance n'est pas forcement que passivité, que l'ignorance n'est pas forcement synonyme d'une absence de motivation et de machination, floute-t-elle la frontière entre les cadres communément admis et cherche-t-elle justement à eviter les lectures victimisantes de l'oeuvre. L'autre but, tout aussi interessant, est le lien entre ignorance et fascisme. En refutant l'idée que l'ignorance n'est qu'un residus de bétise presque, en refutant l'idée que l'ignorance ne puisse être autre chose qu'une nonchalance, l'autrice nous questionne sur une société qui persiste à ne pas chercher à savoir ce qu'elle sait pourtant pertinement; et d'autant plus lorsque cela se lie avec un mythe des origines. Vouloir " de-charger " la sexualité (et tout comme le genre je dirais [1]), vouloir revenir à un passé mythique et dans lequel règne l'innocence/ignorance, ne peut être dès lors vu que comme d'un refus de sa-voir.
[1] Une reflexion que je me suis recemment faite à été de me demander dans quelle mesure ce que j'appelle l'abolition de genre " naive " ou totale (in retrospect, le qualificatif de naif est telling, surtout dans ce contexte) n'est pas une mesure fascissante. De la même manière que ce dechargement de la sexualité dont parle Sedgwick, ne pourrait-on pas dire que la recherche d'un passé mythique hors genre ne nous rappelle que trop bien la recherche d'un age d'or si cher au fascisme ? Je ne suis bien evidemment pas là en train de dire que cela est du fascisme. Toujours est-el que je conçois cela comme d'une pente glissante vers et d'un terrain propice à.