La visée des théories queer est éthique : rendre un plus grand nombre de vies vivables. À l’heure du triomphe des thérapies cognitivo-comportementalistes et des transformations profondes de la famille, les psychanalystes peuvent-ils se servir de ces avancées pour réinventer une clinique après l’Œdipe ? Poser cette question, c’est se demander en quoi et pourquoi le travail de Judith Butler, Eve Kosofsky Sedgwick, Paul B. Preciado et d’une multitude d’autres théoriciennes et théoriciens, dé-fait la psychanalyse. C’est s’offrir des pistes concrètes pour revenir sur des formules et des évidences cliniques parfois trop vite tenues pour acquises. C’est resituer la praxis analytique à la croisée de la théorie et du politique. En retour, c’est mettre les concepts des queer face à la tâche impossible qui anime l’analyste, les confronter au réel singulier qui prévaut dans chaque cure. Il ne s’agit donc pas de transformer la pratique en philosophie ou de faire des dé-constructions du genre une clinique, mais de démontrer l’utilité de l’une et l’acuité de l’autre pour rencontrer les minorités en tous genres.

Auteurice.s:

Fabrice Bourlez

  • Queer Psychanalyse
  • Commentaire

    Si je devais le dire en un mot : ambivalente. Si je devais le dire en deux, j'ajouterais : Déçue. Texte moyennement clair, qui selon moi manque son coche, bien qu'il y ait des idées intéressantes et des points positifs. Il est à noté que je ne suis en rien psycA et que j'ai peu de notions de cette dernière eusse elle été Freudienne, Lacanienne, Kleinienne, Butlerienne ou que sais-je. Dans cette percpective, peut-être me fourvois-je et, peut-être, ce livre est-il addressé avant-tout aux concerné.es.

    Cependant, et à contre-courant de cette vision même, je reste d'avis que l'auteur aurait bénéficié à rendre son texte plus accessible, quitte à le rendre par la même plus long. Pour un domaine extrêment critiqué pour son essentialisme etc., pour un domaine dont il veut renouer avec les théories queer - ce qui est saluable, et dans les bons points - pour quelqu'un qui veut mettre en avant une queer-analyse comme il le dit lui-même; en définitive, ayant pour but de montrer en quoi la psycanalyse, que l'on associe bien souvent avec hétérosexisme, homophobie etc. ne se limite pas à ça, et que même ses textes les plus fondateurs sont plus ambivalent que ça - en un mot : montrer aux gens que la psycA, c'est pas si mal : Je trouve ça raté.

    Plus en détails maintenant, les bons points. Le livre à des moments très interessants. Il m'a permis d'avoir une légère introduction à Deleuze et sa critique de la psycanalyse, qui, si elle n'en reste pas moins critiquable, à le mérite d'aposer une vision radicalement différente. Je conseille aussi le livre - et surtout certains de ses sections - à quiconque cherche à avoir une meilleure appréhension, un meilleur grasp, des théories Butleriennes. Alors, certes, pas en introduction à Butler, mais dans un cadre que j'apprécie à appeler La répétition apprenante [1], je trouve ça bien. Autre point positif, il y est discuté.e de débats autour du queer et de son manquement à atteindre le capitalisme, ce que je trouve intéressant comme remarque et ce qui permet de mieux cerner les critiques du mouvement. Enfin, je salue, comme j'ai pu le dire avant, l'envie de faire une psycA queer.

    Les points négatif cependant, sont tout aussi nombreux. J'ai pu évoquée au tout début un manque de clarté, mais - et pour revenir sur le déçue - j'ai l'impression de n'avoir presque rien lu de par de nombreuses répétitions, mais d'avantage, de n'avoir pas tirer de solutions de ce livre. Alors peut-être n'était-ce là pas le but de ce livre et, peut-être l'auteur n'avait il pas pour ambition d'esquisser les contours de ce que pourrait être une psycA queer, mais toujours est-il que quand j'avais achetée le livre, je m'attendais à avoir des solutions. Solutions que j'ai partiellement eue au travers des théories Butleriennes, certes, mais à la s'ajoute directement une autre couche de deception. J'ai vite comprise que l'on évoquerais Butler dans ce livre - et tout comme On ne nait pas soumise, on le devient était une lecture de De Beauvoir, on peut dire que ce livre, dans une certaine mesure, est une lecture de Butler - mais cela ne vas pas très loin, reste de surface. Pour prendre un exemple concret, dès lors que j'ai comprise que Butler serait un point d'articulation de ce livre, je me suis de suite mise à penser au tabou de l'homosexualité qu'iel développe et... Il n'est pas plus explicité que cela. Il en parle, mais ne montre en rien en quoi cela forge notre subjectivité; pas d'exemple pour mieux saisir sa porté alors que c'est le point qui permet de sortir d'une psycA hétéronormée et homophobe [2]. Donc j'aurais bien voulue une analyse plus détaillée, au moins sur ce point.

    [1] ce que j'appelle _répétition apprenante_ (terme que je viens de créer pour le processus que je fais), est le fait de lire plusieurs fois la même chose expliquée par plusieurs personnes distinctes. Un exemple : J'ai faite ça pour les Tenseurs en math. Pour mieux cerner le concept, j'ai lu la définition de ce qu'était un tenseur selon plusieurs sources qui l'expliquaient toute légèrement différement, avec des mots différents.

    [2] alors oui, il y a aussi la critique de la bisexualité primaire, mais osef