"J'étudie dans cet ouvrage le mode de production capitaliste et les rapports de production et d'échange qui lui correspondent. [...] Il ne s'agit point ici du développement plus ou moins complet des antagonismes sociaux qu'engendrent les lois naturelles de la production capitaliste, mais de ces lois elles-mêmes, des tendances qui se manifestent et se réalisent avec une nécessité de fer. Au premier abord, la marchandise nous est apparue comme quelque chose à double face, valeur d'usage et valeur d'échange. Ensuite nous avons vu que tous les caractères qui distinguent le travail productif de valeurs d'usage disparaissent dès qu'il s'exprime dans la valeur proprement dite. J'ai le premier mis en relief ce double caractère du travail représenté dans la marchandise. [...] Tant qu'elle est bourgeoise, c'est-à-dire tant qu'elle voit dans l'ordre capitaliste, non une phase transitoire du progrès historique, mais bien la forme absolue et définitive de la production sociale, l'économie politique ne peut rester une science qu'à condition que la lutte des classes demeure latente ou ne se manifeste que par des phénomènes isolés." Karl Marx.

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Karl Marx

  • Communisme
  • Commentaire

    (à noter que ce résumé était de base insérer entre le chapitre 25 et 26 mais que, et pour les besoins de ce site, je le met en priorité).

    Il y en a des choses à dire, et putain qu'on va les dire.

    Ce livre est d'une puissance incroyable. Je dirais pas qu'il m'a ouvert les yeux, ça serait trop fort parce que j'avais déjà l'idée de la dégeulasserie qu'est le capitalisme; mais en tout cas, et ça je peux le dire : il m'a foutu une claque. Il a réussi, 150 ans en avance à prédire les grandes lignes du capitalisme. Car rappelons que l'hypothèse sous-jacente principale avec laquelle marx travail tout au long - tout du moins - du livre I (tout en restant ancré dans son époque) est celle selon laquelle le capitalisme s'est etendu à toutes les branche d'industries, et qu'il s'est globalisé; c'est-à-dire, bonjour l'époque moderne !Alors oui, le marxisme en tant que mouvement sociale est peut-être mort, oui; et bien sûr, ce n'est pas à dire que ce livre est parfait, loin de là. La partie théorique reste empreinte de beaucoup de la vision sociale. On a déjà vu.e que marx a à minima des relants racistes (j'en ai lue un autre là, dans le chapitre 25) et misogyne; mais on pourrait aussi reparler de toute sa vision du determinisme historique qui, en dernier lieu, et selon moi, n'est rien d'autre qu'un determinisme économique qui voit la lutte des classes comme (seule) lutte apte à mener au detriment de toute les autres. Il y a aussi bien sûr, l'adoration de marx (que j'ai pas vue pour le coup dans le capital, ou c'est "caché.e") pour la technologie et l'absence de prise en compte de l'écologie, même s'il touche un peu à la surexploitation de la terre. Tout cela pourrait donc nous faire nous detourner de marx. Mais cela n'enlève rien à la puissance de sa partie théorique sur le capitalisme, et j'aurais même tendance à affirmer qu'avec quelques remaniement et ajout pour l'adapter completement à l'époque moderne; on tient là une très bonne vision du capitalisme. Je pense que la véritable valeur de l'oeuvre de marx consiste dans son utilité à être une base pour le socialisme dans son ensemble, marx restant le premier - semble-t-il - a avoir fait une critique non pas morale, mais théorique du capitalisme. Certes marx n'avait pas raison sur tout, mais pour ce qui est de l'analyse et de la critique capitaliste, ça reste une très bonne base sur laquelle construire avec d'autres apports plus important (tels que ceux de l'écologie).

    Et c'est d'ailleurs ce que propose le livre Marxisme Queer qu'il faut que je lise, et dans une certaines mesure, pleins d'autres livres tel que Vers la normativité queer et Communisme Queer. J'en avais surement déjà parlée dans les résumés qui leur sont associés, mais le premier développe une analyse fondée sur la critique permanente des matrices [au sens de butler] et un focus sur la création de communs qui viennent agir en marge des institutions etatiques - oserais-je parler ici d'anarcho-trostkisme. Le second quant à lui, met l'accent sur la nécessité de se [en tant que queer] constituer une conscience de classe qui vienne completer la Representation; insuffisante à l'heure actuelle et reprise par le capitalisme (critique largement partagée par hooks).

    Et pour continuer en ce sens, m'est venue l'idée que le concept anarchique de _débordement des institutions_ est un dépassement du débat actuel. Tout comme il y a pu y avoir un débat indépassable sans l'introduction d'un troisième terme entre féminisme universaliste et féminisme différentialisme (Cf. l'article de Frayer « multiculturalisme anti-essantialisme et démocratie radicale. Genèse de l'impasse actuelle de la théorie féministe. »), le " débordement " pourrait permettre de dépasser, selon moi, le débat actuel entre reformistes et révolutionnaires. Au révolutionnaires qui pensent que l'arrivée d'un grand soir permetterais de changer le monde; aux reformistes qui pensent que des changements progressifs peuvent améliorer la société; je leur réponds que ni l'une ni l'autre de leur analyse n'est correcte - tout du moins suffisante. Le revolutionnarisme n'est clairement pas envisageable à l'époque actuelle, et le reformisme n'est bon qu'à maintenir un certain status quo, ne changeant jamais totalement le système; ne pouvant s'en extraire. Ces critiques qui ne sont pas exhaustives me permettent cependant d'affirmer que bien qu'utiles de façons sporadiques - voir à un certain moment dans le temps - elle ne peuvent déployer leur utilité maximum que dans un cadre plus large et qui est celui du débordement dont j'ai parlée.

    Enfin, et pour revenir en dernier lieu sur le capital, c'est avec effarement que je me demande encore - et avec encore plus d'insistance maintenant - comment on peut être porté.e à croire qu'il puisse y avoir un " capitalisme modéré "; c'est un oxymore, une antithèse, une contradiction dans les termes ! Tout comme le dit bookchin, « le socialisme prolétarien [...] a trébuché » sur ce genre de mythe. Le capitalisme modéré n'existe pas car le capitalisme n'a pas « trouvé sa définition complète » [1]. Et comment le pourrait-il, lui qui est caractérisié ontologiquement par l'acroissement, par la formule A - M - A' + IA [2] ? Marx ne disait-il d'ailleurs pas dans Le capital que

    « Le capital, dit l'Economist de Londres, avec l'interet composé de chaque partie de capital epargnée, va tellement en grossissant que toute la richesse dont provient le revenu dans le monde entier n'est plus depuis longtemps que l'interet du capital ». L'Economist est réellement trop modéré. Marchant sur les traces du docteur Price, il pouvait prouver par des calculs exacts qu'il faudrait annexer d'autres planètes à ce monde terrestre pour le mettre à même de rendre au capital ce qui est du au capital. (P.638) (mon soulignement indique l’italique dans le texte initial)

    Mais n'est-ce pas là la tendance qui se profile à l'horizon ? D'autres planètes ? N'est-ce pas là des choses que nous entendons de nos jours, prendre des ressources d'asteroids ?! Il « n'y a pas de stade final du capitalisme [...] » et s'ils en a, se sont bien des limites externes; auto-destructrices.

    [1] murray bookchin, Une société à refaire, Vers une autre société, P.251

    [2] Ceci est une réference à un post linkedin (2e point de l'article en ref) qui est devenu un meme ou la personne fait de la pseudo-science en disant que la formule « E = mc² + IA » va revolutionner le monde. Le pire est peut-être qu'ici, dans ce contexte qu'est celui du capitalisme, cela a un sens…