«On la jugeait singulière, ce qui, dans ce milieu, équivalait à une réprobation. Troublée, malheureuse, comme un tout petit enfant, cette large créature musclée se sentait seule, elle n’avait pas encore appris cette dure leçon : elle n’avait pas encore appris que la place la plus solitaire en ce monde est réservée aux sans-patrie du sexe.»Le puits de solitude fit scandale lors de sa parution à Londres en 1928, où il fut interdit et les exemplaires imprimés jetés au feu. Radclyffe Hall y dépeint l’amour de deux femmes, contrarié par une société hostile, et prend la défense de cette minorité incomprise et méprisée. Véritable plaidoyer en faveur de l’homosexualité, Le puits de solitude est aujourd’hui une référence littéraire reconnue par tous.

Auteurice.s:

Radclyffe Hall

  • Lesbien Roman
  • Commentaire

    Si je devais comparer avec Stone Butch Blues, je dirais que ce livre est graduel. Contrairement à ce dernier, The well of loneliness accumule la tristesse jusqu'à ce qu'elle déborde enfin dans les derniers chapitres du livre. Durant la majeure partie du roman, j'ai d'ailleurs été grandement surprise : " Is that it ? ". Ce livre qui n'est pas censé finir bien, ce livre même, pourtant, avait l'air de ne pas être si mal. Certes el y avait eu toute l'intrigue avec Crossby; certes sa mère était d'une homophobie rare et violente, mais sinon ? Mais plus je lisais, et surtourt, plus je me rapprochais de la fin qu'une certaine gêne, un sens of uneasiness, started crawling. Insidious but everso present, it crawled for it was its duty to make a mess out of me; to make me cry. Ô que cette fin à jouée avec mes sentiments qui, tel un pendule, swung to and fro. Et autant je hais Stephen pour ce qu'elle à fait à la fin du livre, autant je comprends tout aussi son raisonnement. Mais d'un autre côté, je trouve aussi que la fin arrive un peu n'importe comment, et si ce n'est rush, un peu forcée ?

    spoiler

    Durant le livre, stephen rencontre durant la guerre Mary, et c'est presque le coup de foudre entre les deux femmes. Cependant, et malgré tout le bouquin decrivant leur vie quotidienne, Mary lack une vie nomale. Elle voudrait - ne serait-ce qu'un peu - ce que les autre ont et ce qui lui est refusée, à savoir des discussions, des salons (on parle même de gosse à un moment) etc. avec des personnes cishet. A deux reprises des personnages extérieurs font-ils d'aileurs cette remarque à stephen qui, à la fin du livre, décide de " libérer " Mary. Renouant contact avec Martin - un mec du début du livre qui était tombé amoureux d'elle - els discutent de Mary, pour qui Martin s'est amouraché, et decident de faire un duel dans lequel les deux vont tenter de ramener Mary à leur côté. Et alors que Stephen semblait avoir gagnée, son lien avec Mary en ressortant plus fort que jamais; elle décide de tout laisser tomber et de donner à Mary ces choses qu'elle - Stephen en tant qu'invertie - ne pourra jamais lui donner (a titre d'exemple, une amitié avec une dame anglaise, une certaine Massey je crois, leur à été refusé par cette dernière [et une visite à Noël, sous le pretexte de leur lesbianisme]). Lui faisant croire qu'elle est tombée depuis un moment amoureuse d'une de leur connaissance (dans un premier temps contre le stratagème de Stephen), elle donne le beau rôle à Martin de consoler Mary alors que cette dernière s'en va de l'appartement de Stephen.

    Et comme je l'ai dite précédemment, autant je comprends le raisonnement de Stephen, autant j'écho les mots de Valérie (la connaissance) lorsque cette dernière énonce que " Protection ! Protection ! Au diable que ce mot. Laisse la faire sans; ne te crois tu pas assez ? Bon sang, tu vaux bien vingts Mary Llewellyns ! Stephen, réflechi-y à deux fois avant de continuer - et dieu seul sait que je suis contre ce que tu t'apprêtes à faire. Garde là à tes côtés et retiens le peu de bohneur que la vie à a t'offrir " (P.424). En fait, j'ai l'impression que l'arrivée de Martin (qui avait disparu au chapitre 12~. On est au chapitre 55~) est un peu chelou et ne sert ici qu'à dire - en quelque sorte - qu'une femme 'normale', Mary étant sous-textée comme n'étant pas une invertie née, finira toujours avec un homme. La raison de cette écriture à supposer que mon hypothèse soit correcte ? Je ne sais pas, et je doute que cela soit une fin à la pour-appaiser-les-critiques (y avait bien 'pire' et 'impardonnable' dans ce bouquin).

    Malgré cela, ce livre est incroyablement beau et reprenant par là la quatrième de couverture, je ne peux m'empêcher de répeter ces mots; ces mots qui ring true encore aujourd'hui et à savoir qu' " alors que Stephen et ses ami.es, ses allié.es, et ses enemi.es sont de leurs temps, le roman de Hall a offert support et solidarité à de nombreuses générations de personnes LGBTQ+, et continue encore, de nos jours, de modeler les discussions autour du genre et de la sexualité ". Et comment pourrait-el en être autrement ? Peur du coming-out, rejection violente, homophobe et séparatisme; mais aussi communauté, tendresse et allyship; tels sont les thèmes du livre et tels sont encore aujourd'hui - et avec quelques remaniments - les douleurs et peines; les joies et les allégresses que vivent nombre d'entre-nous. N'aurais-je pas sue que ce livre avait été écrit en 1928 que j'aurais presque pue croire - save for the historical clues and the manner of writing - que c'était un livre moderne.

    Venons-en a Stephen en tant que tel maintenant. Stephen est un personnage intéressant car Stephen est " invertie ". Dans le jargon sexologique de la fin des années 1800, um inverti.e est un homme ou une femme qui, de part son penchant pour les personnes des même genre, était crue être d'un autre genre. Par exemple, et dans notre cas, Stephen serait (littéralement) un homme dans un corps de femme. Et c'est là que c'est intéressant car, durant tout le début du livre, on aurait certainement dit.e un livre sur la transitude, sur le coming-in d'une personne transmasc. Mais au contraire, l'entièreté du livre remarque que Stephen reste somewhat une femme, ne serait-ce que pour la majorité des gens autour d'elles. C'est un livre très interessant aussi parce que - et Stephen aurait-elle véçue ne serait-ce que quelques dizaines d'années plus tard - que je suis persuadée que Hall aurait écrite un livre hautement similaire à Stone Butch Blues et dans lequel Stephen aurait surement prise de la T. En un mot, ce livre - et aussi une des raisons pour lesquelles je l'avais commencée - renforce mon idée déjà présente qu'el est complètement idiot de séparer transmasculinité et lesbianisme du couteau tranchant de la binarité.

    Je finis ce résumé/review avec une phrase qu'Hall aurait prononcée :

    “ Dans une réponse de 1934 à un critique littéraire, Gorham Munson (1896-1969), [Radclyffe Hall] anticipe qu'un jour les inverti.es auront l'option de légaliser leur union : ' tout comme leur plus normaux [adelphes] els sont d’honnêtes âmes, de simples âmes qui cherchent à vivre vertueusement et en accord avec ce qu'els sont, et qui veulent faire parti du tissu social, qui veulent se conformer aux normes telles qu'elles existent à l'heure actuelle. Parce que, et bien qu'elles y voient leurs failles comme toute personne qui se respecte, els réalisent que, dans la globalité, ces normes - si ce n'est leur injustice à leur encontre - sont une position nécessaire, si ce n'est nous faire tomber dans le chaos viendrait-on à les abandonner. De telles personnes veulent legitimer leur union. Insolent, vous dites ? Et pourtant, el arrivera certainement un jour où, et bien que je ne sois peut-être plus de ce monde pour le voir, el arrivera un jour où cela se produira.” (ma traduction)

    Un siècle plus tard, en 2013 en france, son voeux est exhaussé.

    Et me faire écrire ça me fait.e me demander encore combien de temps el faudra attendre pour tout le reste. Je veux dire, on parle du marriage gay là. Que cela soit civil ou religieux qu'importe, on parle de quelque chose de " trivial " et qui, bien qu'il eu été la cible - au moins dans le passé - d'une attaque antinormative, reste ultra simplisite. Que quelque chose comme ça eu été voté en 2013 en france fait remettre les choses en perspective. Dans un monde où el à fallu attendre un siècle (au moins) avant que l'union homosexuelle ne puisse être légalement reconnue, encore combien en faudra-t-el avant que l'on puisse - si ce n'est abolir la mention de genre à l'état civil - ne serait-ce que permettre la reconnaissance de la non-binarité à l'état civil, permettre de changer de genre en mairie ou même encore autoriser les hommes trans à avoir accès à la PMA ?