Orlando, ce sont les mille et une vies dont nous disposons, que nous étouffons et qu'Orlando seul libère, car il lui est donné de vivre trois siècles en ayant toujours trente ans. Jeune lord comblé d'honneurs, il est nommé ambassadeur en Turquie, devient femme et rejoint une tribu de bohémiens, puis retourne vivre sous les traits d'une femme de lettres dans l'Angleterre victorienne.Assoiffé de vie et de poésie, à l'image de Virginia Woolf, Orlando traverse les siècles, accumule les sensations, déploie les multiples facettes qui composent notre être. La nature de l'homme et de la femme, l'amour, la vie en société, la littérature, tout est dénudé avec un prodigieux humour. Hymne à la joie, au plaisir, ce conte fantastique révèle que la pensée créatrice est bien « de tous les moyens de transport le plus divagant et le plus fou ! ».
Auteurice.s:
Virginia Woolf
Commentaire
Comment commencer à parler de ce livre ? Peut-être pourrais-je commencer - et avant d'entamer mon analyse genrée de Orlando - peut-être donc pourrais-je parler du temps. Commençons donc par evoquer la fin de ce livre. La fin du livre - bien que somewhat rushed de mon point de vue en ce que je l'ai finie d'un coup et sans discontinuer - lay bare dans toute sa splendeur un des thèmes - et si je me souviens bien - majeur de ce livre : le passage du temps. On s'en serait douter avec un livre dont l'héroine vit 400 ans, mais cela est tout de même à noter. Après avoir suivi·e les aventures d'Orlando à l'étranger, après avoir suivi·e les evenements relatif au « Great Frost », bref, après avoir lu·e tout le livre, el y a quelque chose de si particulier, de si queer, dans la lecture d'un passage où, justement, Orlando se rappelle de quand « la bière débordait », où même de quand « deux cents servant·es allaient et venaient dans les couloirs » (P.219). Et effectivement, tout était calme, « les marteaux et maillets silencieux »; « la maison [...] appartenant au temps, à l'histoire maintenant » (ibid).
L'histoire en elle-même n'est pas exceptionnelle, et cela à été mon avis dès les départ, mais seulement parce que, je pense, cela n'était pas tant le but. Les evenements s'enchainent et se confondent, les periodes se floutent et les personnages - peu décrits - vont et viennent.
[...]
Je ne ferais finalement pas d'analyse d'Orlando en ce que, mon analyse que je tenais, ne tenais qu'à un fil; fil qui s'est vu détruit. Cependant, je noterais plusieurs points d'importance.
1. El y a un début de lecture moderne d'Orlando en tant que femme trans. Outre la claire et nette transition de genre, on peut remarquer qu'Orlando évoque à un moment qu'elle fut « un garçon triste, et amoureux de la mort, comme le sont les garçons » (P.163), et qui contraste avec le « ' Bon ', eu-t-elle dit lorsque tout fut prêt et qu'elle eu allumé les deux chandeliers entourant son mirroir [...] ' madame, vous êtes la beauté incarnée ', ce qui était la vérité. Même Orlando [...] le savait puisque lorsqu'elle souriait de ce sourire involontaire qu'on toute les femmes qui sourrient à leur propre beauté [...] » (P.131). Tristesse qui peut faire penser à un épisode dysphorique concernant sa sexualité ou son genre (bien, bien moins de preuves).
2. Woolf note vers la fin du roman qu'Orlando avait un mix homme-femme, vu entre autre dans son amour pour les bêtes et sa tendresse (femme) qu'elle a toujours eu, même garçon. Et peut-être pourrait-on ettayer ce point en disant que dans le début du roman, Woolf parle d'Orlando garçon comme si el était évident qu'Orlando était une femme (a deux reprise, elle parle au passé en accompagnant de " en tant que garçon ").
3. Comme une review que j'ai survolée évoque, plus que Sasha - et comme je le pensais - comme d'une identification transgenre, peut-être plus la voir comme d'une sorte d'eveil Bi (de ce pov ci, le personnage de Shel aussi est interessant en ce qu'il est similaire à Orlando). Dès sa rencontre avec cette dernière, Orlando est de suite amoureuse d'elle, et bien qu'elle ne soit pas sure du genre de Sasha puisqu'elle énonce que cette princesse qui avait des « jambes, des mains, une posture d’un garçon, mais qui avait une bouche, une poitrine [ou encore] des yeux comme aucun autre » (P.27). Et d'ailleurs, peut-être pourrait-on voir le sommeil profond d'Orlando dans le chapitre 2 où il a une amnésie partielle la concernant comme d'un refoulement de sa sexualité qu'il cherche à nier.
Tout ça pour dire - et bien qu'Orlando ne soit pas à proprement parler un livre sur le sujet de la transexualité, let alone la transitude et bien qu'il s'en inspire - el est toujours marrant de voir comment ce livre reste tout de même un mood, comment, au travers de passages plutôt insignifiant, j'arrive tout de même à en extraire une interprétation, certes bralante, mais surtout un mood total sur certains points.