Michael Warner, one of our most brilliant social critics, argues that gay marriage and other moves toward normalcy are bad not just for the gays but for everyone. In place of sexual status quo, Warner offers a vision of true sexual autonomy that will forever change the way we think about sex, shame, and identity.

Auteurice.s:

Michael Warner

  • Queer Sexualité
  • Commentaire

    Alors. Je vais commencer par les limites de ce livre. Je parle pas tellement de critique ici parce que je suis plutôt d'accord avec ce qui y est dit; cependant je crois remarquer plusieurs choses à prendre en compte. Tout d'abord, le livre fut publié en 1999. C'est à prendre en compte. Aussi, il est écrit dans un contexte Etats-Uniens et ça change des choses. En effet, les lois et l'histoire sont différentes. Enfin, j'étais pas venue pour suivre un cours d'histoire. Je voudrais aussi rajouter que l'argumentation peut être difficile à suivre, et qu'on peut plus ou moins déplorer le manque d'arguments. Par moments, j'ai un peu sentie comme si c'était un peu light.

    Ceci étant dit. Le livre s'articule autour de deux thématiques que sont le marriage gay (et par extension, le marriage en général) et la régulation des pratiques sexuelles.

    Le marriage :

    Il y est dit que le marriage est un problème pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il s'agit là d'une façon de discriminer les gens et de hiérarchiser des formes de relations. On pourra par exemple penser à des réductions de taxes, a des moyens de gérer les propriétés et l'héritage ou encore des reconnaissances publiques [1] (P.117). On celebre une forme de relation particulière, avec une histoire bien ancrée et propagée grassement par les médias de manière hégémonique, au détriment d'autres formes d'intimités. Ainsi, toute personne indiquant que le marriage n'est « qu'affaire de choix personnel [...] oublie les conséquences légales et culturelles sur les autres » (ma traduction, P.109). On pourrait, là aussi, citer quelques exemples plus culturels dans leur fonctionnement et « Qu'ils le veuille ou non, les personnes mariées ont de nombreux privilèges [... tels qu'] être pris.es plus au serieux, d'êtres plus facilement invité.es aux fêtes, ou d'avoir un job » (P.109). Sur ce dernier point plus spécifiquement, j'aimerais attirée l'attention sur une étude (2000) - que je n'ai pas encore lue - mais qui tirait comme conclusion, qu'avoir un/des enfant/s était avantageux pour les hommes [2]. De la même manière, je ne serais pas étonnée d'apprendre que le marriage est un facteur à la promotion.

    A contrario, l'auteur plède pour le retour d'une culture queer basée sur plusieurs fondements tels que la dénonciation de l'idéologie du marriage, la reconnaissance de la diversité des pratiques ou encore la résistance à la fusion dans la norme [3] (P.88) et la présence d'un contre-narratif pour lequel « le marriage serait souhaitable comme but dans la mesure où nous pourrions étendre les sécurités sociales, les taxes [...] à l'immigration, aux parents liés [Joint parenting], et autres modes relationels. » (P.146)

    Maintenant que j'ai placée l'argumentation, je souhaiterais parler de contre-argumentation tout de même. En en parlant avec un.e proche, ce.tte dernian m'a sorti.e les cas - certes extrêmes, mais à ne pas négliger pour autant – d'un adultère et d'un couple gay. Bien que cela fut selon moi plus des arguments de mauvaise fois, je tiens tout de même à y répondre. Son argumentation :

    Supposons le cas d'un homme qui trompe sa femme ou d'un couple d'enfants gays non mariés qui haibtent chez l'un deux. Supposons, de plus, que dans les deux cas, un homme meurt. Qui récupère les biens de l'homme dans le premier cas ? Ne pourrait-on pas gerter (i.e homophobie des parents) le concubin de la maison, le rendant SDF ? Pour répondre à cela, un seul argument : changer la loi. Quid d'inscrire sur le bail le nom et prénom des deux (ou plus) personnes qui y vivent ensemble ? De cette manière, l'un pourrait donner le droit à l'immobilier à sa femme inscrite (et pas la liaison adultère), et l'autre pourrait se prévenir des parents homophobes. Il y a sûrement des contre-arguments que je n'ai pas en tête contre la disolution du marriage, mais il m'est avis qu'ils seraient tout aussi facilement (ou en réflechissant un peu) contrable.

    Les relations sexuelles :

    Warner commence son livre par nous parler de la désexualisation des mouvements gays et lesbien, et de la tension stigmatophile / stygmatophobe : la tension entre celleux pour une inclusion du sexe dans la politique, et celleux qui s'en éloignent. Il énonce la purification du mouvement, à l'image de Sullivan, pour qui « Si tu es Queer et que tu ne veux pas t'engager dans l'armée ou te marier, alors la politique n'est pas faite pour toi ». Warner continue, « Le message [...] de Sullivan [dans le fait de réduire la politique queer à seulement {le marriage} ] indique que le mouvement est presque déjà terminé, ou le sera quand le droit au marriage sera octroiyé. Ce message va de pair avec une certaine démographie : des gens de la classe moyenne, blanc.hes, hommes ou femmes, qui n'ont de toute façon probablement jamais aimé.es la politique » (P.60). Il y aurait dans ces discours une volonté de ne pas voir plus loin, de releguer le sexe à ce qui est de l'ordre du privé, sans voir la " politique de la honte sexuelle " que cela permet.

    Un autre grand pan de l'argumentation située de ce livre est la disparition de la culture gay du sexe; à comprendre le sexe public. Warner fait ici une distinction très intéressante : public et privé ont de nombreux sens et sont bien souvent ambigus, mélangés. Un livre peut être publié de manière privé, mais être accessible comme public. De la même manière, le sexe public – la « Drague gay » ou Crusing en anglais - en est un mélange. Il s'agit effectivement d'une chose public dans le sens où elle se fait en dehors des maisons; mais tout aussi privé en ce sens que la pratique est "fermée" (sauna, lieux isolés, la nuit...). Il ne s'agit pas de le faire partout, à la vue de tout le monde; et insister sur le fait - comme le fait très bien Foxe Five News - que cela pourrait rendre « votre enfant victime de… La drague gay » [5] est tout simplement de la mauvaise foi. Un autre agrument contre fut la crise du SIDA qui permise de mettre en place des contre-mesures, alors même que ces lieux promouvaient une culture du safe sex. Et sans parler d'actes plus démonstratifs, quid de simple nudité totale ou partielle ? « Des hommes tout bonnement en train de prendre des bains de soleils dans le Ramble (un quartier de NY) ont été menotés. » (P.155) On pourrait justifier cela par une atteinte à la pudeur, mais - et pour contrecarer cette argumentation - je souhaiterais désormais m'appuyer sur un autre livre : Raising Rosie. Dans ce livre, on parle d'une enfant intersexe, Rosie et, entre autre, de la manière dont cette dernière est élevée. Un passage, frappant, nous est d'interêt ici : « Rosie [elle a environ cinq ans en 2018, année de parution du livre], par exemple, sait que les enfants grandissent dans l'uterus, et sont délivrés par le canal vaginal. Quand un.e ami.e lui a rétorqué.e que les " enfants provenaient du ventre " elle a pu lea corriger  [...] pour elle, il s'agissait d'un fait trivial [...] et dont elle n'a exprimer aucun inconfort. [...] Dans les faits, [...] nous sommes souvent inconfortables avec le sujet, et projetant cette insécurité sur nos enfants, créeont des euphémismes. » (P.159-160). Où est-ce que je veux en venir avec ces deux faits ? Qu'il s'agit d'une hypocrisie de statuer comme d'un « attentat à la pudeur » que de supposer que des personnes puissent se promener seins à l'air, justifiant cela des enfants, lorsque ces même enfants ont probablement déjà vu.es des seins dans leur maison. De la même manière, on pourrait justifier que, cantonner à des lieux précis, mais pas spécialement délimités, il n'y aurait pas de mal à laisser des gens être nu.es; si tenter qu'une éducation sexuelle adaptée fusse mise en place.

    Un autre point de The trouble with normal est de souligner les lois de "rezoning" dans lesquelles, « un marché pour adulte [adult business] ne peut être autorisé à : moins de 500 pieds d'un autre établissement du même type [...] ou d'un lieu de culte, d'une école, ou d'un centre aéré. » (P.158-159). De la même manière, une éducation sexuelle appropriée ne permettrait-elle pas l'abolition de telles pratiques ? N'est-ce pas là la preuve d'une " politique de la honte sexuelle " comme Warner le dit lui-même si bien ?

    Et malgré toute cette argumentation, je suis malheureusment contrainte d'y ajouter une limite. Car bien que je sois pour de telles pratiques, toujours est-il que nous vivons dans une situation. Il est bien beau de vouloir autoriser les femmes à se promener seins à l'air; mais qui sera assez confortable pour le faire ? Cela ne va-t-il pas renforcer la culture du viol et le slut shaming ? Tout ça pour dire, au vu du contexte actuel, cela me parait être un double-bind. Si on ne fait rien, on est sexiste (pourquoi les hommes le pourraient-ils ? [6]); mais si on le fait, on est au mieux inneficace, au pire, on risque de renforcer le patriarcat.

    [1] premier d'une longue (?) serie de note : d'autres choses sont évoquées comme : le droit de garde, le droit de changement de nom ou encore le droit à une compensation post-mortem (ma traduction). Deux des exemples ci-dessous ne s'appliquent pas (ou plus ?) au cas de la france.

    [2] Les pères qui gagent. Descendance et réussite professionelle chez lesingénieurs Gadéa C. and Marry C.

    [3] Je passe là aussi d'autres points tels que « l'insistance que la majorité de la "moralité" était en pratique un moyen de reguler les pratiques sexuelles » ou que « le marriage est conceptualiser pour recompenser celleux qui y adhèrent, tandis qu'il punis les personnes hors de l'institution : les adultères, les prostituées, les divorcé.es [...] celleux en dessous l'age du consentement » [4] (P.89)

    [4] Pente glissante, ici et dans un autre extrait : « Il va [l'état] continuer à criminaliser nos relations consensuelles [...] Il va stipuler à quel age et dans quel contexte le sexe est possible » (P.97). Je comprends, mais....

    [5] Warner fait ici référence à une pub de Fox Five News qui la critique car ils « le feraient partout. [...] dans les supermarchés locaux, des endroits ou vous emenez vos enfants [...] ». Cependant, il faut remarquer que « En réalité, le journaliste lui-même transgresse le consentement et l'intimité : "Lundi, des caméras cachées ont prises sur le fait des perverts dans des actes scandaleux dans des espaces publics." Le besoin d'utiliser des caméras cachées contredit l'énoncé selon lequel ces endroits sont "public". [...] » (P.177)

    [6] Si je sais pourquoi, la question est rhétorique. C'est parce que la femme est " investie libidinalement " comme le dirait Freud XD.