Le langage officiel à propos de l’égalité hommes-femmes est un répertoire de violences : harcèlement, viol, maltraitance, féminicide. Ces mots désignent une cruelle réalité. Mais n’en dissimulent-ils pas une autre, celle des violences commises avec la complicité de l’État ? Dans cet ouvrage, Françoise Vergès dénonce le tournant sécuritaire de la lutte contre le sexisme. En se focalisant sur des « hommes violents », on omet d’interroger les sources de cette violence. Pour l’autrice, cela ne fait aucun doute : le capitalisme racial, les populismes ultra-conservateurs, l’écrasement du Sud par les guerres et les pillages impérialistes, les millions d’exilé•es, l’escalade carcérale, mettent les masculinités au service d'une politique de mort. Contre l’air du temps, Françoise Vergès nous enjoint de refuser l’obsession punitive de l’État, au profit d’une justice réparatrice.
Auteurice.s:
Françoise Vergès
Commentaire
Que dire si ce n'est que c'est une claque ce livre ? Dans un autre serveur, je faisais état d'un livre que j'ai lu cette après-midi - Moi les hommes, je les déteste de Harmange - et je trouve que j'ai un peu trop tone down ma critique. Ces deux livres sont vraiment opposés. L'un prône la misandrie; quoiqu'il le fasse de manière plutôt nuancé, et l'autre parle de la violence dans tout son caractère systémique. Ce que je veux dire est que dans le livre de Harmange, on comprends que la misandrie ne vient pas de nulle part (non, jure ?!) et que cette dernière n'est en rien comparable à la misogynie, soit. Toujours est-il qu'il me laisse un après-goût assez étrange car bien qu'il mette en valeur le viol des enfants (majoritairement masculin pour < 15ans je crois ? Faut que je retrouve l'étude) (majoritairement par des hommes), on en revient à un tout les hommes sont des cons. Alors, me fait pas dire ce que j'ai pas dite - oui les hommes sont des connards et y a des raisons de s'en méfier de manière systématique - mais c'est, selon moi, oublier tout un pan de l'analyse, c'est se restreindre à une vision binaire « femme victimes/hommes bourreaux » qui est trop facile. Et s'il y a bien une chose que la théorie queer m'a apprise, c'est que les binarismes c'est le mal.
On en vient alors à notre bouquin, Une théorie feministe de la violence. Dans ce livre, il s'agit de mettre en valeur les intriquations entre capitalisme, racisme et patriarcat. A une vision plutôt binaire, on contre-pose un prisme plus varié. Oui, qu'ils soient gays, noirs, trans etc; il y aura toujours des cons, ils resterons des hommes - et ce dans diverses proportions, attention - mais il s'agit de faire état que ces même classes sont aussi victimes de violences et que les mettre sous le tapis, bah, c'est pas ouf en fait. Traiter « les hommes » comme une population homogène, et ce malgré les violences que l'on subit d'eux, est un raccourci un peu trop facile qui efface la diversité et - oserais-je dire - ne voit ce dernier que comme « l'homme cis-blanc-hétéro-... », si souvent raccolé à l'universel. Dans ce livre, on y voit par exemple le fait que la contraception est un noeud du pouvoir dans ses dimensions imperialistes, patriarcal et raciste; que notre société n'est pas si « post-coloniale » que ça; que les mesures de protections des femmes ne sont qu'en demi-teinte - à l'exclusion des TDS étrangères pour ne citer qu'elles; que.…
Ce livre est, je crois, le plus violent qu'il m'ai été donné de lire jusqu'à présent. Autant Le génie Lesbien et En finir avec les violences sexuelles et sexistes m'ont profondément mise en colère, ont créer une brêche; autant ce livre m'a faite prendre conscience de l'ampleur des dégats en terme de race (et encore, j'imagine que j'ai que scratch the surface). Il m'a faite du mal, aussi, parce qu'il me fait prendre conscience de l'état d'apathie dans lequel j'ai pu être; d'une forme de culpabilisation.