La question de la gouvernance des ressources naturelles utilisées conjointement par de nombreux individus revêt une importance croissante pour les analystes politiques. Tant la nationalisation que la privatisation ont été mises en avant mais ni l'État ni le marché n'ont été uniformément en mesure de résoudre les problèmes liés aux ressources communes. Remettant en question les fondements de l'analyse politique telle qu'appliquée aux ressources naturelles, Elinor Ostrom fournit dans cet ouvrage un ensemble unique de données empiriques afin d'étudier les conditions dans lesquelles des problèmes de ressources communes ont été résolus, de manière satisfaisante ou non. L'auteur décrit d'abord les trois modèles les plus fréquemment utilisés en tant que fondements pour préconiser des solutions se basant sur l'État ou le marché. Elle passe ensuite en revue les alternatives théoriques et empiriques à ces modèles afin d'illustrer la diversité des solutions possibles. Dans les chapitres suivants, elle fait appel à l'analyse institutionnelle en vue d'examiner diverses stratégies - fructueuses ou infructueuses - de gouvernance des biens communs. Contrairement à ce qu'affirme l'argument de la « tragédie des biens communs », les problèmes de ressources communes peuvent être résolus par des organisations volontaires plus efficacement que par un État coercitif. Parmi les cas considérés figurent la tenure communale de prairies et de forêts, des communautés d'irrigation, des droits relatifs à l'eau ainsi que des sites de pêche.
Auteurice.s:
Elinor Ostrom
Commentaire
Alors, de base, j'avais achetée ce bouquin parce que j'avais vue écrit « bien communs » et que ça m'interessais dans un contexte ou je commençais surement déjà à m'interesser à l'idée d'anarchisme. Il est d'ailleurs à noter que ce livre inclut l'état et les gouvernements comme variable d'analyse (assez souvent neutre-mauvaise d'ailleurs XD).
Donc, qu'est-ce que « Gouvernance des biens communs. Pour une nouvelle approche des ressources naturelles » ? Il s'agit d'une étude sociologique qui cherche à défier l'existant. L'existant étant 1990, c'est un bouquin qui commence à dater et dont il serait très interessant de voir les suites; mais bref. En très résumé, il s'agit pour elle de comprendre comment les gens s'organisent ensemble pour gérer des ressources en commun.
Il se trouve qu'à son époque, des modèles existaient déjà qui tentaient de théoriser, de prédire la façon dont aller évoluer de telles situations. Mais de tels modèles, nous dit-elle, étaient très bancales. Car en effet, et bien que lorsque les conditions réelles s'approchent des hypothèses de ces derniers les prédictions s'averent juste, « [s]'ils ne sont pas faux, ces modèles particuliers recourent à des postulats extrêmes » (P.221). Mais ces modèles, quels sont-ils ? Olstrom nous décrit plusieurs modèles tous plus ou moins basés sur l'idée de tragédie des communs; l'idée selon laquelle, laissé.es à vaquer comme els veulent, les gens vont forcément être amené.es à détruire la ressource qu'els ont en commun. Que faire donc dans des cas d'indépendance et d’obtention d'information complète. Utilisant la théorie des jeux pour illustrer les gains/couts de tels modèles, elle va décrire les modèles suivants :
•Le dilème du prisonnier
•Le léviathan (l'état régulateur)
•La privatisation (le privée régulateur)
Et en déduire qu'il peut y avoir des solutions non-prises en compte à l'état actuelle de ses recherches (i.e en 90') qui ne corresponderaient pas à ces modèles. Dès lors, et se basant sur un corpus d'exemple concret, elle va chercher à comprendre quels sont les règles générales (elle parle de « principe de conception ») qui permettent une bonne gestion. A la suite de cela, elle va en tirer des conclusions théorique pour l'amélioration du champs de recherche dans son entier, la théorie de l'action collective. Mais avant d'entrer dans les détails, el est a noter une remarque préliminaire : el ne s'agit pas pour Ostrom de créer un modèle supplémentaire. Plus que cela, elle va chercher à créer un cadre théorique qui puisse permettre de poser « les questions qui doivent être posées pour clarifier la structure d'une situation et les incitations auxquelles font face les individus » (P.230).
A la suite de ses recherches, s'interessant dans son corpus tant à des situations de réussite qu'à des situations d'échecs, Olstrom arrive à dégager plusieurs de ces principes de conceptions. Ils sont au nombre de 8 :
- Des limites clairement définies
- La concordance entre les règles d'appropriation et de fourniture et les conditions locales
- Des dispositifs de choix collectif
- La surveillance
- Des sanctions graduelles
- Des mécanismes de résolution de conflits
- Une reconnaissance minimale des droits d'organisation
- Des entreprises imbriquées (lorsque nécessaire)
Je ne vais pas revenir sur tout, mais seulement sur deux de ces huits règles qui m'ont marquées, à savoir, la surveillance et les sanctions graduelles, aussi parce que la dernière est intéressante (et à surement déjà été proposée) dans un autre cadre : celui de la prison.
Le monde n'est pas remplis de bisounours, cela, on s'y accordera assez facilement et m'est personnellement avis que l'on n'arrivera jamais à avoir un 100% de personnes vertueuses. On peut y tendre par diverses mesures, mais on arrivera jamais à l'optimum. Ainsi, même dans un cadre moins compétitif, moins porté à la trahison (et qui, donc, n'est pas le capitalisme, lol), il reste nécessaire de pouvoir gerer les individu.es qui transgressent les règles. Et c'est là qu'interviennent nos deux règles. Un des deux présupposés des modèles décrit précedemment est que l'information est complète, c'est-à-dire que les gens ont accès à toute l'information et ce de manière non partielle. Or, la réalité est bien différente. Ainsi, un environnement dans lequel les appropriateurices (comprendre les gens qui exploitent la ressource) n'ont que peut d'information sur ce que font les autres (on en reviens à l'idée d'indépendance) ne sera pas propice à la bonne gestion. Et c'est ici que la surveillance est utile. Car s'il y a auto-surveillance de la part des appropriateurices, cela permet d'avoir accès à une meilleure information puisque que l'on peut directement observer le comportements des gens autour de nous. Et ainsi, dans le cas où, disons, 95% des gens respectent les règles, nous pourrions alors être amené.es à être rassuré.es et à nous conformer à notre tour aux règles, evitant ainsi un " si els ne le font pas, pourquoi je le ferais ? ".
Mais que faire quand une transgression arrive effectivement ? C'est là que la deuxième régle s'enclanche. Remarquant que certaines situations exceptionnelles peuvent se produire, l'idée est de mettre en place des sanctions graduelles. En effet, dans un des cas qu'elle a étudiée - une gestion de l'eau en zone aride en espagne - Olstrom remarque que certain.es appropriateurices peuvent être amené.es à enfreindre les règles si els pensent qu'els peuvent en tirer davantage de bénéfices; genre, pour être extreme et caricaturer : ne pas mourir. Dans un tel contexte, une gradation des sanctions permet une certaine laxité. Si la personne est vraiment dans une situation très tendue, elle va pouvoir enfreindre les règles en cours en sachant pertinement que le cout (monétaire par exemple) sera moindre; et ce n'est que lors de la répétion de tels actes que les punitions vont augmenter.
Y a pas grand chose à dire sur ce livre en vrai, déjà parce que la moitié / 3/4 c'est de l'explication de cas; mais surtout parce que j'ai clairement pas les connaissances pour pouvoir critiquer. Cependant, je suis allée voir sur wikipédia, et ça me dit
“ Pour Block et Jankovici, son œuvre est critiquable car d'une part, ils estiment que la lauréate du prix Nobel ne comprend pas bien la notion de droit de propriété, qu'elle confond avec ce que les contractualistes appellent le partenariat. Par ailleurs, elle supposerait que le système de régulation commerciale, comme celui de droit de propriété, ne peut s'imposer aux individus sans la force gouvernementale. ”
ou que,
“ Par ailleurs, son refus de s'en remettre nécessairement à l'État dans les cas de dilemmes sociaux, la fait apprécier des disciples de Friedrich Hayek. Après son décès, toutefois, les travaux d'Ostrom commencent à être critiqués à la fois par les partisans de solutions par l'État, qui l'accusent de ne pas bien prendre en considération les problèmes politiques, et par ceux qui l'accusent de ne pas avoir bien compris la notion de droit de propriété. ”
Et j'ai envie de répondre, is that a problem I'm too anarchist to understand ? Clairement, d'un point de vue anarchiste, je trouve ce bouquin vraiment incroyable et c'est une base de reflexion pour l'autogouvernance. Wikipédia dit d'ailleurs que,
“ Les principes d'Ostrom ont été confirmés à de nombreuses reprises par des études sur les CPR (common-pool resources) et ont donc prouvé leur fiabilité. Les principales critiques concernant ces principes portent sur leur incomplétude. En effet, ils n'incluent pas des facteurs comme la taille et l'hétérogénéité des groupes d'utilisateurs ou les facteurs externes comme le régime de gouvernance à l'intérieur duquel les utilisateurs évoluent. Les facteurs externes, notamment l'intégration aux marchés ou l'intervention d'un État, peuvent en effet avoir des effets significatifs sur les communautés. Par extension, la question de la transposition de ces principes à des échelles plus larges est sujette à débat. ”