La domination d'un Occident raciste, à l'intérieur de ses frontières et au-delà, n'a pu que renforcer les préjugés à l'encontre des personnes définies comme Noires. Parce qu'il en est ainsi, il est illusoire de se dire Blanc par simple convention, sans le moindre rapport avec l'histoire qui créa cette catégorie. La blanchité s'est élaborée dans le cadre de la plantation pour sévir ensuite dans l'espace colonial sur tous les continents et se consolider au sein des sociétés multiethniques de l'Euramérique contemporaine. Elle est une manière d'approcher l'autre qui se caractérise par le crime. Léonora Miano se livre à une analyse aussi fine qu'implacable de ce « problème blanc », depuis les traites négrières et la colonisation jusqu'au présent. Car, sans prise de conscience de ce qu'est la blanchité, il est impossible de transformer ce qui s'est transmis de génération en génération, à la fois comme un patrimoine et un secret de famille, certes gênants mais qu'il nous faut regarder en face. Il se passera du temps pour vider la race de toute signification et guérir le monde. Cela ne signifie pas qu'il faille baisser les bras. C'est en ayant conscience de l'ampleur de la tâche que l'on pourra s'y atteler.
Auteurice.s:
Léonora Miano
Commentaire
« [...] Mais la trompette sud-africaine et son nom restèrent dans leur pays. Ceux des supporter [...] qui auraient voulu les adopter durent se soumettre à l'interdiction [1] en europe de la vuvuzela. Il fut en effet décreté que son adoption dénaturerait la pratique européenne du football [...] » (P.83)
« Du blues au hip-hop, leurs musiques sont joués partout, chacun se les étant appropriées au point qu'en [f]rance, on parle sans gêne de jazz, de rock, ou de rap français. Pourtant, lorsque des Corréens ou des Libanais pratiquent la musique classique européenne, celle-ci ne change pas d'origine. Y compris lorsque ces artistes créent leur propre répertoire [...] » (P.116)
« On s'étonne que le rapport profond du pays à ces objets [de musée] ne soit pas intérrogé. En particulier à notre époque où les [f]rançais, dit-on, sont en proie à l'insécurité identitaire, à la peur d'une dissolution dans l'Afrique [...] Les détenirs après leur avoir conféré un status qui n'était pas le leur à l'origine et pour ne rien en faire de très précis quand ils étaient destinés à des usages concrets, c'est se définir soi-même par la violence exercée, au point de devoir concerver coûte que coûte ces pièces. C'est proclamer cette blanchité dont on ne tolère pas qu'elle soit nommée. Car, que va-t-on admirer lorsque l'on se rend dans [c]es musées [...] sinon le préstige acquis par la violence et la dépossession ? » (P.82 et 84)
Bon, en vrai, pas grand chose à dire sur L'opposé de la blancheur. Je pense les citations précedentes en atteste. Je m'attendais à être bien plus mal à l'aise en lisant, mais non. C'est peu virulent, et l'autrice s'attache avant tout à mettre en lumière la blanchité à l'oeuvre dans l'occident (à comprendre comme le système qui à instaurer la notion de race, mettant sur un podium - pour le dire gentillement - les personnes considérées comme blanches, et qui se perpétue jusque dans notre époque). De nombreux exemples qui montrent, une fois mis cote à cote, le double-standard criant qui gangrène la france, puisque c'est aussi, et surtout d'elle, dont on parle ici. L'autrice n'adopte pas un point de vue académique et préfère bien plutôt utilisée des médias pour ettayer son propos, avec comme exemples plusieurs films (et c'est pas ce qui manque). On remarque quelques noms que l'on connait déjà si l'on c'est intéressé.e un tant soit peu à l'histoire Etats-Unienne de la race: Ida B. Well ou encore Prudence Crandall; puisqu'il s'agit aussi de parler des USA.
[1] https://fr.uefa.com/insideuefa/protecting-the-game/news/01e9-0f8ef4e7f18b-312b11a01308-1000--l-uefa-interdit-les-vuvuzelas/