De la « révolution sexuelle » amorcée en Mai 68, aux mouvements sex-positifs actuels, on nous promet la possibilité pour toustes de jouir et de désirer sans entraves. Sauf qu'en investissant le sujet, le capitalisme et le patriarcat ont profondément transformé cette possibilité : le sexe est devenu un marché, et la non-sexualité une pathologie à guérir. En cherchant à optimiser le fonctionnement des corps et du désir, sommes-nous entré·es dans l'ère de l'aliénation sexuelle ? Face à cette pression constante, désinvestir le désir sexuel constituerait peut-être une porte de sortie émancipatrice. Dans cet essai court et incisif, Tal Madesta montre comment la sexualité est devenue « obligatoire » dans notre société, et nous invite à nous libérer de cet impératif, en célébrant d'autres formes d'amour qui n'ont pas besoin de sexualité pour exister.

Auteurice.s:

Tal Madesta

  • Sexualité Anticapitalisme
  • Commentaire

    J'allais dire, en commençant ce livre, que, ne m'apprenant rien, je n'aurais rien à en dire. Puis je me suis faite la réflexion suivante, « Un livre se doit-il de t'apprendre quelque chose forcément ? N'y a-t-il pas tout un pan émotionel que tu oublie, que tu met à la trappe par la même ? ». Arrivée à la fin du livre, je repense à cette reflexion. Ce livre fait mal. Il est violent dans ses formulations, et c'est peut-être en cela qu'il est bien. Avant d'attaquer mon avis à proprement parlé sur ce dernier, j'aimerais citer l'une des personnes que Tal cite :

    “ Dans une communauté telle que la nôtre [LGBT], où les liens familliaux sont bien souvent détruits [...] parler d'amour famillial peut sembler obscène. [...] la famille ce n'est pas l'amour, c'est la violence. [...] Et c'est d'ailleurs dans cette communauté qu'on va en refonder une : voilà pourquoi distinguer l'amitié de l'amour familial nous semble idiot : notre famille, on la reconstitue à partir d'ami.es ”. - Lola

    Que nous soyons clair : Contrairement à beaucoup de personnes ici, je suis née dans un environnement non-violent. Je ne peux partager ce ressenti de la violence. Cependant, cette idée de ne pas distinguer l'amitié de l'amour famillial... Je le ressens. Je me souviens de ce message que j'avais écrit concernant les personnes que j'avais rencontrées à l'époque [sur un serv discord] et je me dis que, tout compte fait, il s'agit là bien plus d'une famille que ma propre famille. Non pas que j'ai une relation négative avec cette dernière, mais bien plutôt qu'il s'agit du Néant dans le sens littéral : rien.

    Where does this leave us ?

    Ce livre, comme j'ai pu l'indiquer précedemment, ne m'a rien appris. Cela n'est pas nouveau que le désir - et surtout le désir sexuel - soit accaparé par le capitalisme qui en fait un marché, qui créer des besoins qu'il s'empresse de remplir ensuite. Et j'irais même jusqu'à dire que je suis en désaccord avec quelques points du livre qui, selon moi, versent trop dans une vision privé du patriarcat, j'ai l'impression qu'il le met trop en avant :

    “[Après avoir parlé de la famille comme reproduction des travailleureuses et d'asservissement des femmes] Enfin, la famille représente évidemment un terrain majeur de contrainte sexiste à la soumission, ce cercle refermé étant organisé autour de la figure du patriarche censé guider son troupeau de femme et d'enfants comme un berger avec ses moutons. S'il en était autrement, le foyer ne serait pas le lieu qui concentrerait la majorité des violences sexuelles et enfantiles. [...] Par ailleurs, le modèle prétendument idéal et naturel de la famille nucléaire (où le foyer se divise entre le père qui pourvoie [...] aux besoins de la famille et la mère qui s'occupe de la vie domestique) serait universel [...]” (P.89) (je souligne)

    et

    “ Ce modèle traditionel [Homme = Travail, Femme = Foyer], pourtant présenté comme l'image universelle de ce que constitue le couple, et par extension la famille, n'est donc en réalité accessible qu'à une part restreinte de la population […] ” (P.91)

    Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, le patriarcat existe, et son caractère privé aussi. Mais en dehors du fait que selon moi, il verse plus dans un caractère publique (stratification, foucault, tout ça tout ça); ce même caractère n'est pas du tout pris en compte par l'auteur; bien qu'il reconnaisse le capitalisme comme structurant.

    Je déplore aussi le but, un peu manqué, du livre. J'entends qu'il entends (lol) à faire valoir d'autres formes de foyer, d'autres formes de relations, autre que le couple hétérosexuel (selon lui irrécupérable). Mais cela ne concerne que - allez - une 30aine de pages (sur 135). Pour un livre qui veut faire voir autrement, et pour quelqu'un qui à reçu une 100aine de reponse à son appel à témoignage, ça fait pas beaucoup imo. On aurait pu.e développer plus, faire de la sociologie de base : rien que ça : dégager les grandes formes de relations alternatives. Mais non. Ajouterais-je qu'il y a une grosse partie sur le négatif de la sexualité. Je ne dis pas qu'il ne faut pas le prendre en compte, au risque de romanticiser tout ça (et encore ça parle du négatif vis-à-vis de la norme), mais ça me fait une sensation d'embourbement.