La prison est un endroit dont on parle peu et que l’on connaît très mal. Mais quand on critique l’emprisonnement systématique, on se voit souvent rétorquer : « Que proposez-vous de mieux ? » L’objectif de Sylvain Lhuissier n’est pas de désigner un coupable, mais de comprendre pourquoi, gouvernement après gouvernement, rien ne change ; d’identifier comment chaque acteur, d’un bout à l’autre de la chaîne, participe à maintenir le système en place ; mais surtout de montrer comment nous tous, citoyens, représentons à la fois une part de la responsabilité et un levier possible du changement. L’auteur propose de vider les prisons au lieu d’en construire de nouvelles, de réinventer les peines plutôt que de repeindre des cellules vétustes. On sait depuis longtemps que la prison est une solution inefficace contre le crime, mais quand, de surcroît, elle s’applique majoritairement à des personnes qui n’entrent pas dans la catégorie des criminels, ne faut-il pas revoir collectivement notre copie ?

Auteurice.s:

Sylvain Lhuissier

  • Justice Justice restorative
  • Commentaire

    Ce livre, c'est surtout des chiffres. Je déplore le manque de sources par moment (j'en ai comptée 3), mais sinon ça répète plus ou moins des trucs qu'on savait déjà. La prison, ça ne marche pas et on en a une mauvaise vision.

    Ca ne marche pas puisque qu'à titre d'exemple la récidive est de 59% semble-t-il, alors que l'objectif premier serait d'atteindre 0. Elle ne marche pas puisque la prison fabrique la délinquance (et oui, iel cite Foucault). Elle ne marche pas puisque des peines plus longues n'ont jamais améliorées quoique ce soit. Elle ne marche pas parce que… On en a aussi une mauvaise vision. Je vous passe la remarque de " la prison, c'est le club Med ", outre cela, semble-t-il que les emprisonnements pour crime (genre, meurtre, viol etc.) ne représente que 1.5% des incarcérations. Ca reste 11% de la population carcérale askip, mais parce que les peines sont plus longues.

    Pour ce qui est des solutions - je vais pas davantage développer sur les problèmes, à ce niveau-ci, je pense qu'on en a déjà une bonne idée - on voit apparaitre une vision un peu plus nuancée et de nouveaux elements de réponses. Outre la solution " réseau " déjà évoquée dans l'ouvrage de Davis, et qui est entre-autre ici reprise sous la forme des SPIP, on pourra aussi évoquer les TIG ou Travaux d'Interets Generaux qui, semble-t-il, s'apparente plus à des stages qu'à du travail forcé. L'auteurice parle aussi d'experimentations en cours comme en corse avec les prisons ouvertes, ou encore le programme Respecto dans certaines prisons de france.

    Mais, plus qu'autre chose, l'autreurice accentue le principe de Désistance, ou comment sortir de la récidive (obejctif n°1 on rappel). Il s'agit d'un champ de recherche étudiant les façons de récidiver etc. De là, par exemple, on pourrait changer la justice par exemple. Un cas typique est celui de la lourdeur des peines. Au lieu d'allourdir à chaque récidive - comme c'est le cas actuellement - on pourrait bien plutôt chercher à réduire les peines si la récidive est moindre. Rappelon-le : la désistance est un parcours, pas quelque chose qui se fait en un claquement de doigts. Et ce faisant, en réduisant les peines, on a aussi potentiellement un avantage psycologique. De nombreuses personnes emprisonnées ont une très faible estime d'elleux-même et le retour en prison n'est que prophétique en ce sens. Alors bien sûr, il ne s'agit pas de croire en la solution miracle, et cela Davis nous le disait 20 ans plus tôt ! Dans ce sillage, Lhuissier nous indique clairement que le TIG n'est pas la solution unique à envisager partout, il a quand même 10% de raté; mais il s'agit là d'un outil en plus.

    Contrairement à certaines personnes qui vont jusqu'à vouloir la disparition de la prison dans son entièreté, Lhuissier est plus nuancé, et est dans une position que je pense plus réaliste, tout du moins sur le court et moyen terme. Un peu à la manière de la réduction des risques. Selon ellui, « la prison doit être laisser à des personnes qui présentent un danger important si elles sont laissées dehors, ce qui exclut les consommateurs de canabis ou les mauvais payeurs de pensions familliales » (P.65). Ainsi, loin d'être aussi radical que certaines personnes, il n'empêche qu'il permet d'entrevoir une certaine vision permettant un premier pas en avant. Réduisons déjà la prison à l'ensemble stricte et minimal de personnes dont on ne peut faire autrement, avant de voir comment faire autrement; le temps de mettre en place les moyens financiers et sociétal pour faire mieux.