Frank Lao a neuf ans lorsque son père décède, victime du scandale du sang contaminé. Une anémie passagère l’a condamné à mort, brisant les rêves de vie meilleure d’un couple de réfugiés nés au Laos, ancien territoire de l’Indochine française. Élevé seul par sa mère, Frank Lao s’interroge : à l’origine de cette tragédie, n’y avait-il qu’une histoire de chance ? À mesure qu’il donne sens à la perte de son père et aux combats quotidiens de sa mère, la douleur se mue en conscience politique. Né français mais invariablement perçu comme chinois, il comprend qu’il lui faut remonter à la source d’un système d’inégalités : la colonisation. À la fois récit sociologique et quête intime, Décolonisons-nous explore la manière dont l’héritage colonial s’incarne dans la société contemporaine. Ségrégation scolaire, inégalités sanitaires, violences policières… Convoquant Frantz Fanon comme MC Solaar, cet essai questionne nos biais et notre histoire collective, rappelant que les populations non-blanches sont avant tout des individualités, aussi variées que fluides, aspirant à la liberté.
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Frank Lao
Commentaire
Ce livre, c'est exactement ce que je cherchait depuis un bout de temps. Partout j'entends parler de racisme systémique, partout. Mais jamais je n'avais réussie à en avoir d'exemples [1]. Et voici un livre qui, dans le contexte français (c'est important de le souligner), parle de racisme. Ce livre parle d'urbanisme (très bon exemple par ailleurs), parle de salaire, de culture, de relations intimes... Il nous montre à quel point le racisme est présent dans notre société; et en soi, j'ai pas grand chose à dire dessus parce que c'est surtout un rassemblement d'experiences, de véçus et qu'en tant que tel, c'est pas comme s'il y avait quelque chose à dire, à expliquer. C'est quelque chose qui se lit, se laisse raconter. Mais c'est un très bon bouquin, et ça peut surement être une bonne porte d'entrée pour quiconque cherche à creuser d'avantage toute les questions autours du racisme. Alors oui, c'est pas là dedans que l'on va trouver de grandes théories comme celle de Dorlin, mais ça a sont utilité rien qu'en tant que repertoire à exemples, comme source. La prochaine fois qu'on me dira que le racisme systémique n'existe pas, ou que l'on ne voit pas bien comment cela pourrait fonctionner, je pourrais alors répondre que
“ Pour illustrer la dynamique discriminatoire visant ces espaces, il [2] rappel que, au début des années 2010, certains maires de communes pavilonnaires se sont opposés à la construction de lignes de tramway ou de métro qui voulaient rattacher les quartiers populaires au réseau existant et par là favoriser la mixité sociale. [...] il note également l'effet pervers du développement de nouvelles lignes de transports qui cherchaient moins à desenclaver qu'à accélerer « la gentrification des communes périphériques » et pousseraient ces populations à « s'éloigner encore un peu plus des centres-villes. » ” (P.27-8, je surligne)
[1] C'est une simplification. Oui, j'avais réussie à en avoir des exemples, rien que par Rage Assassine.